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 Douloureux souvenirs - Sam

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Megan Richardson
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MessageSujet: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptyMer 12 Fév - 22:28






:  «Douloureux souvenirs»  Sam & Megan

L’après midi s’annonçait assez difficile pour Megan. En effet, elle allait accueillir un nouveau groupe de jeunes. Elle ne les connaissait pas, ils ne la connaissaient pas et comme à chaque fois qu’elle entamait une séance avec un nouveau groupe, elle se posait quelques questions. La première séance était assez décisive, chaque parti se jaugeait et elle avait pour mission de leur inspirer confiance. Bien entendu, cette confiance n’arriverait que plus tard, elle le savait, mais il fallait partir sur de bonnes bases. Pour ce groupe, il n’y aurait pas de réel sujet, elle aimait commencer par une discussion, pour que tous apprennent à se connaitre et également pour voir dès à présent qui était plutôt loquace ou non. Les précédents groupes qu’elle avait vu étaient tous différents, elle n’abordait pas les mêmes sujets, ou en tout cas pas dans le même ordre. Sa capacité d’écoute et son bon sens étaient essentiels et elle comptait la dessus pour les amener à régler des problèmes plus ou moins compliqués qu’ils pouvaient rencontrer.

La jeune femme installa, comme à son habitude, les chaises plus ou moins en cercle. Une demi-douzaine de jeunes allait entrée et elle voulait que tout soit installé. Le but étant de débuter rapidement car ils n’avaient pas énormément de temps. D’ailleurs, elle était en train de placer les deux dernières chaises quand elle aperçut une jeune femme à la porte. Elle lui fit signe d’approcher et lui présenta une chaise. Son sourire bienveillant et accueillant sur le visage, elle fit de même avec les autres. Son regard passa d’une personne à l’autre, essayant de percevoir le caractère de chacun, les difficultés qu’ils pouvaient rencontrer et ce qu’elle pourrait leur apporter. Ils étaient tous âgés entre 16 et 22 ans, c’était en tout cas ce qu’elle avait lu sur les fiches qu’elle avait eu. Il n’y avait pas beaucoup de renseignements sur ces fiches et en général elle préférait ne pas trop entrer en profondeur dans leur lecture, se fiant plus à ce qu’elle voyait et entendait. Voir ces jeunes lui rappelait toujours des souvenirs plus ou moins bons et elle savait que ses souvenirs étaient ce qui pouvait les aider. Une fois que le dernier pris place, elle s’assit à son tour et débuta sa séance.

« Bonjour à tous, je suis Megan, je sais que vous n’êtes pas forcément enchanté d’être là, que ça vous semble barbant et que vous n’avez pas vraiment besoin de moi. Alors pour commencer, je ne suis pas psy, si je suis là, c’est en tant que bénévole. J’ai été dans une situation assez… particulière quand j’avais 16 ans et mon seul but c’est de vous apporter mon aide. Je ne suis pas là pour juger ou pour vous obliger à quoi que ce soit. Pour cette première séance je vais établir quelques règles simples pour le bien être de tous. Pour commencer, vous pouvez parler librement, et si vous avez l’impression que parler devant tout le monde est trop difficile, on peut discuter après une séance sans problème. Ensuite, il est hors de question de critiquer, juger ou se moquer des personnes qui prennent la parole. Tout le monde à un vécu différent, des ressentis différents et le but c’est d’avancer et de se sortir de la mauvaise passe dans laquelle vous êtes. Et pour finir, vous pouvez me poser n’importe quel type de question, aucun sujet n’est tabou, je n’aurai surement pas les réponses à tous les coups, mais peut être que les autres pourront y répondre et si ce n’est pas le cas, je ferai de mon mieux pour me renseigner et pouvoir vous aider. »

Megan observait son groupe tout en leur parlant. Elle savait qu’elle allait beaucoup parler durant cette séance, surtout au début, c’était toujours le cas. Il était rare qu’une personne ne se décide à prendre la parole dès les premières minutes. Son regard ne manqua personne, elle voulait voir leurs réactions et elle ne fut pas déçue, un dès jeunes hommes était carrément en train de souffler à chaque phrase qu’elle faisait, un autre avait l’air complètement ailleurs, une demoiselle la fusillait du regard et un autre serrait et desserrait la mâchoire tout en tapant sa jambe de sa main. La mise en confiance serait donc compliquée, elle pouvait le voir. Mais elle ne se démonta pas, elle leur demanda de se présenter rapidement, indiquant leur prénom, leur âge et pourquoi ils étaient là. Certaines réponses furent à la hauteur de ses espérances… Deux d’entre eux restèrent mués.

La jeune femme prit sur elle et préféra débuter l’échange en posant quelques questions banales, s’ils allaient à l’école, s’ils avaient du travail, où ils vivaient, comment ils occupaient leur temps. Elle leur demanda également s’ils avaient des passions, des envies, des rêves. Toute la conversation n’était ni moralisatrice, ni intrusive, s’ils ne voulaient pas répondre, c’était leur droit. Quatre des jeunes se détendirent peu à peu, ils devinrent plus bavard, se livrèrent au fur et à mesure et elle sentit qu’une certaine confiance était en train de se créer. Il y avait bien les deux individus taciturnes et peu enclin à la discussion, mais Megan avait sa technique, elle les laissait gérer eux-mêmes, elle savait que si elle les forçait à parler, ce serait pire et les ignorer n’arrangerait rien, elle leur posait donc les mêmes questions mais les laisser dans leur mutisme s’il le souhaitait.

La séance ne se déroulait pas trop mal pour finir, enfin c’était ce qu’elle croyait jusqu’à ce qu’elle demande comment ils s’en sortaient dans la vie de tous les jours. Le jeune homme, qui s’appelait Noah et semblait ne pas avoir envie d’être là, se leva d’un bond et vint se placer face à Megan, les poings serrés et la mâchoire crispée. La jeune femme se leva, bien entendu, elle faisait un bon vingt centimètre de moins que lui, mais elle ne se démonta pas et soutint son regard.

« Mais putain ! Qu’est ce que ça peut vous faire ?! Vous êtes juste là pour vous, comme ça vous pourrez dire à tous vos amis que vous aider de pauvres gamins qui sont paumés. Qu’est ce que vous savez de ce qu’on vit ? Je suis sûr qu’après votre « séance » vous allez rentrer chez vous, retrouver votre copain et reprendre votre vie tranquille pendant qu’on galère avec des gens qui ne veulent pas de nous et cette société pourrie…
- Noah…
- Quoi Noah ?! Vous pensez être meilleure que nous ? Que vous pouvez nous balancer des pseudo-conseils alors que vous ne savez rien ?!
- Maintenant ça suffit ! Toi non plus tu ne sais rien


Megan avait suivi le monologue sans sourciller, elle ne s’attendait pas à être attaquée de la sorte. Ça n’était encore jamais arrivé, enfin pas à ce point. Et même si elle se sentait minuscule face à la colère de ce jeune homme, elle savait qu’elle ne devait pas se laisser faire. Pour cacher les tremblements de ses mains, elle croisa les bras sur sa poitrine et même si elle aurait nettement préférer fuir en courant, elle ne bougea pas et son regard vert resta poser sur Noah. Le garçon sembla assez surpris par le temps qu’elle employa et la demoiselle en profita pour reprendre la parole avant de recevoir insultes et autres gaietés.

« Au début de la séance j’ai dit que j’avais vécu des choses pas faciles à mes 16 ans… Ce n’est pas un sujet que j’aborde en général tout de suite, mais puisque tu insistes. J’ai été mise dehors par mon père, et quand je dis mise dehors, tu peux compter aussi sur les coups que j’ai reçu au passage, aux insultes de mon père et à l’inaction de ma mère. J’ai été jetée, reniée parce que j’ai eu le malheur de tomber amoureuse, de coucher avec mon copain et d’être tombée enceinte. J’ai vécu dans la rue, dans des foyers et surtout j’ai du mettre au monde ma fille seule. Alors, si, je sais ce que vous pouvez traverser. Depuis que j’ai 16 ans je dois me débrouiller, pour moi et pour ma fille, je bosse dur et je l’élève du mieux que je peux. Et, non, il n’y a personne qui m’attend chez moi comme tu l’as dit. Votre sort m’importe réellement parce qu’il n’est pas normal que des jeunes puissent être livrés à eux-mêmes. Ne crois pas que c’est pour ma conscience que je fais ça, c’est en connaissance de cause. Alors maintenant si tu veux bien… je voudrais terminer notre séance pour rentrer chez moi et pouvoir voir ma fille plus que quelques minutes. »

Megan n’avait pas quitté Noah du regard, elle savait que ce qu’il avait dit aurait pu être vrai, mais ce n’était pas le cas et qu’on puisse lui dire, à elle, qu’elle ne faisait cela que pour se donner bonne conscience l’énervée au plus haut point. Elle sentait la colère gronder au fond d’elle, mais elle se contint le plus possible. Le jeune homme se retrouva sans voix, elle vit son regard changer au fur et à mesure de ses paroles, sa mâchoire se détendit et ses poing s’ouvrir. Il finit par acquiescer d’un signe de tête avant de reculer d’un pas, ne sachant plus quoi faire. Meg’ lui montra la chaise sur laquelle il était installé quelques instants plus tôt et lui laissa le temps de reprendre place. Elle préféra rester debout pour les observer tous.

« Je sais que vous ne tomber pas toujours sur des gens bienveillants et qui connaissent va craintes, vos douleurs, vos questions. J’espère que maintenant vous savez que vous pouvez venir me voir et que je ferais de mon mieux pour vous aider. On se voit la semaine prochaine… et Noah… ne revient pas si c’est pour refaire la même chose qu’aujourd’hui. »

Elle avait pris le temps de regarder chaque jeune durant ce petit discours de fin et elle termina par Noah qu’elle fusilla du regard. Ne leur laissant pas vraiment l’occasion d’ajouter quoi que ce soit, elle sortit de leur petit cercle pour rejoindre un bureau sur lequel elle avait posé ses affaires, leur tournant le dos ostensiblement. Les mains tremblantes, elle récupéra une bouteille d’eau et attendit que tous soient sortis pour essayer de la dévisser, mais les nerfs à fleur de peau, elle ne réussit qu’à en mettre partout lorsqu’enfin le bouchon se débloqua. Ce petit incident fut la goutte de trop, elle sentit les larmes monter. Des larmes de colères, de tristesse aussi, d’une vieille douleur qu’elle n’arrivait pas à oublier malgré les années.


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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptySam 22 Fév - 3:05


Douloureux souvenirs

« Tu te souviens de ce qu’on a dit la dernière fois, Riley ? » demande doucement Sam en contournant l’adolescente à qui il s’adresse, un léger sourire bienveillant au coin des lèvres. Cette dernière hoche timidement la tête en guise d’approbation, les lèvres résolument scellées. Depuis plus de deux mois que la jeune fille d’une quinzaine d’années fréquente son cours, il n’a pas encore réussi à lui arracher un seul mot. Bien sûr, ça n’est pas le but de sa présence ici, et le silence posé de Riley ne le dérange pas, à vrai dire. Après tout... Il ressemble un peu au sien. Bien qu’il ne soit pas sûr que cela soit une si bonne chose.

Quoi qu’il en soit, il n’est pas psychologue, et n’a pas non plus la prétention d’être capable, comme Megan, de mettre en place des groupes de discussion au sein de l’association. Non, ce n’est pas pour cela qu’il a proposé ses services, loin s’en faut. Il n’est là que pour  donner l’occasion à ces jeunes d’apprendre à se maîtriser... à contrôler l’énergie, la colère, la frustration qui couve quelque part au fond de ces âmes toutes neuves et pourtant déjà abîmées par la vie. Pourtant, il ne peut s’empêcher de se revoir confusément à travers l’attitude presque effacée de l’adolescente. Cette façon qu’elle a d’être là sans l’être tout à fait, de le regarder sans le voir. Cette expression lointaine et confuse qui balaie de temps à autre les traits de son visage, comme si elle se demandait soudain ce qu’elle faisait là, arrachée à peine à des souvenirs qu’elle ne devrait pas avoir si jeune.

« Relève la tête. Le dos bien droit. Et surtout, respire. » répète-t-il calmement, l’essentiel de ce qu’il dit si souvent lors de ses sessions d’initiation au taekwondo. Sam prend une profonde inspiration, puis expire très lentement, retenant l’air dans son ventre le plus longtemps possible, et incitant la jeune fille à l’imiter. C’est bien souvent ce qui leur fait défaut. Ils ne savent pas respirer correctement. Tandis que Riley inspire à son tour dans un effort de bonne volonté attendrissante, le regard attentif du jeune soldat se pose sur les épaules tendues de l’adolescente, qui se soulèvent légèrement, dans le même mouvement que sa poitrine. Il secoue doucement la tête avec une petite moue ennuyée. Elle retient l’air exclusivement dans cage thoracique. Elle n’y arrivera pas comme ça.

Pas plus qu’elle n’arrivera à rétablir sa posture défensive faillible dans ces conditions. « Je peux ? » demande-t-il poliment en esquissant un geste dans sa direction. Un second hochement de tête lui donne l’autorisation qu’il attendait pour l’aider à réajuster sa position. Il pose très légèrement une main dans son dos, l’autre attirant avec précaution les épaules de la jeune fille vers l’arrière pour ouvrir sa posture. Avec un vague sourire, il la sent rétablir d’elle-même le reste, comme si la bouger de quelques millimètres seulement avait modifié son centre de gravité suffisamment pour lui faire retrouver tout son aplomb. Ses pieds s’écartent un peu plus et s’ancrent dans le sol, exactement comme il leur a expliqué quelques semaines plus tôt. Il se contente de relever légèrement son coude à l’aide de la paume de sa main, afin de redresser le poing serré de l’adolescente de manière à défendre efficacement le reste de son corps. « Parfait. » commente-t-il brièvement, réussissant à lui arracher l’ombre d’un sourire, le temps d’un fraction de seconde. « Fais attention à tes mains, rajoute-t-il cependant, dans un souci de perfection qu’il ne maîtrise évidemment pas. Ne serre pas trop les poings. C’est à toi que tu feras mal, si tu ne les refermes pas correctement. Regarde. »

Le jeune coréen adopte soudain la même posture que l’adolescente, avec une aisance naturelle, les poings redressés devant lui pour lui montrer comment s’y prendre, l’encourageant à l’imiter d’un regard en coin. Puis il hoche doucement la tête pour valider gentiment ses efforts, et la contourne avec habileté afin de s’occuper des autres. Ils ne sont pas très nombreux, ce matin-là, à peine une petite dizaine, ce qui l’arrange. Chacun de ses élèves a son caractère particulier et parfois imprévisible, son niveau de patience (ou d’impatience), et sa facilité (ou non) à intégrer les nouvelles notions qu’il essaie de leur inculquer. En petit comité, il lui est beaucoup plus aisé de les aider individuellement, comme ce qu’il vient de faire avec Riley, et de les séparer en plusieurs groupes en fonction de leurs niveaux. Les plus faibles, actuellement, travaillent donc, dans un silence quasi religieux, différentes postures d’attaque et de défense qu’il les aide à rétablir en circulant parmi eux et en posant çà et là ses mains dans leur dos, sur leurs épaules, ou en poussant légèrement leurs jambes du bout de son pied afin de leur permettre de retrouver un équilibre parfait... non sans avoir demandé d’abord l’autorisation de les toucher, ce qui déconcerte certains d’entre eux, peu habitués à tant de politesse. Étonnamment, il s’est très vite aperçu que ces contacts physiques là ne lui posent absolument aucun problème. A vrai dire... Il n’en a presque pas conscience, pour la simple et bonne raison qu’il est trop concentré sur ce qu’il voudrait leur montrer ou leur faire comprendre, et ne se laisse pas parasiter par ce genre de détails. Pour faire court... Il est pleinement dans son élément, et cela suffit à lever la moindre inhibition qui pourrait l’empêcher de mener à bien sa mission.

Il n’est pas le seul, cependant, à être comme un poisson dans l’eau dans son cours de taekwondo. Malheureusement, peut-être. Alors qu’il se place derrière le cinquième et dernier membre de son groupe de « débutants », un bruit sourd et familier derrière lui le fait immédiatement rouler des yeux au ciel. Encore ? For the love of Buddha, on ne peut pas les laisser sans surveillance cinq minutes... Sans aucun doute possible, l’autre groupe, un peu plus avancé et laissé momentanément en combats autonomes à un contre un dans l’autre partie de la salle, vient de faire des siennes. Il n’a pas spécialement besoin de se retourner pour deviner ce qu’il vient de se passer exactement, mais pivote malgré tout, en lançant d’un ton mi-agacé, mi-résigné : « Eliot... Qu’est-ce qu’on avait dit, déjà, à propos de courir sur les murs ? ».

Le coupable, un garçon d’à peine quatorze ans, d’origine cubaine, relève son visage de diablotin jusqu’à lui, ses yeux brillants d’enthousiasme. « Que c’est trop la classe et qu’il faut s’entraîner non-stop jusqu’à y arriver ? » réplique-t-il d’une voix goguenarde, agenouillé sur le sol après une tentative vraisemblablement ratée. Sam secoue la tête d’un air ostensiblement désemparé, plissant les yeux et remarquant sans peine la marque de chaussure qui s’étale sur le mur à quelques quarante bon centimètres du sol et qui confirme ce dont il n’avait aucun doute. Depuis qu’Eliot a eu le malheur d’arriver quelques dix minutes en avance à l’une de leurs sessions matinales, et s’est permis d’observer à la dérobée Sam s’entraîner en solitaire par l’entrebâillement de la porte de la salle, ce petit démon s’obstine à vouloir reproduire ce qu’il a vu. Et en particulier ce « badass move » (d’après lui) qui ne consiste pas tant à « marcher sur les murs » à proprement parler, qu’à prendre de l’élan, et à se propulser à demi-en l’air en se servant d’une surface à verticale (a.k.a le mur, à l’heure actuelle, mais ça n’est pas exclusif) afin d’asséner un coup de pied latéral à son adversaire. Très pratique lorsqu’il s’agit de s’adapter pleinement à son environnement, ce que toute forme d’art martial suppose justement. Mais qui, quand on ne le maîtrise pas, peut s’avérer particulièrement dangereux.

Pour toute réponse, Sam fait claquer discrètement sa langue contre son palais pour bien montrer sa désapprobation, vérifiant au passage d’un coup d’œil expert qu’Eliot ne s’est pas blessé. Quelques rires étouffés résonnent autour d’eux et lui arrachent malgré lui un sourire amusé. Il est conscient que la dynamique particulière qu’il entretient avec le jeune garçon est un véritable spectacle pour le reste de la classe, ce dont Eliot et lui-même jouent souvent pour détendre l’atmosphère. Toujours faire confiance à Eliot pour mettre un peu d’ambiance. Tsss. Diagnostiqué hyperactif dès l’enfance, l’adolescent ne supporte que très peu le silence, et ne peut guère se concentrer sur un même exercice trop longtemps. Si cela a un peu déstabilisé Sam au départ, il s’est vite rendu compte qu’Eliot est en réalité un mélange subtile (ou pas ?) de Jaehyun et de lui-même. Un besoin désespéré de contrôle mais aussi de toujours mieux faire, allié à une énergie débordante et bordélique. Cocktail dangereux s’il en est... Sans compter son côté garçon des rues qui le pousse à peu près neuf fois sur dix à briser les règles qu’on lui impose. Pas de chance pour lui, Sam est particulièrement intransigeant à ce sujet, ce qui a valu de houleuses confrontations avant d’en arriver à un statu quo convenable et une compréhension mutuelle.

« Pas exactement, non, réplique finalement le jeune coréen d’un ton catégorique, en esquissant une grimace. Il fait quelques pas en direction du fauteur de trouble et lui tend la main pour l’aider à se relever. Je me rappelle plutôt avoir dit, à peu près toutes les cinq minutes, que c’était particulièrement dangereux, et qu’il était hors de question de le tenter a) avant d’être prêt et b) sans ma supervision. Sans compter que tu aurais pu blesser ton camarade. » Le sourire radieux de l’adolescent ne diminue pas d’un millimètre à ses paroles, et il se contente de hausser les épaules alors que Sam termine avec un sérieux presque martial : « Conclusion : zéro pointé, soldat. ».

L’adolescent esquisse une petit moue dubitative, un peu ennuyé malgré tout de s’être attiré la désapprobation de son professeur, qu’il vénère littéralement, mais il ne peut finalement pas s’empêcher de lui demander : « Vous ne pouvez pas nous le remontrer, Cap’, s’il vous plaît ? » Il sautille presque sur place, comme s’il était monté sur ressors, et Sam éprouve le plus grand mal à ne pas sourire automatiquement à ce spectacle. « De quoi ? » fait-il mine de ne pas avoir compris. « Come on ! Le badass move. » insiste Eliot tandis que des hochements de tête enthousiastes fleurissent autour d’eux. « Non. » répond le jeune soldat de façon laconique et sans la moindre once de remord ou d’hésitation.

Nope. Ça va pas, non ? Très mauvaise idée. Manquerait plus que ses élèves se mettent à tenter des acrobaties aériennes chaque semaine, maintenant. « Aishhhh... » entend-il soudain Eliot grommeler de déception. Euh... What ? Sam écarquille les yeux en dévisageant l’adolescent avec stupéfaction. Adolescent qui vient de lâcher, visiblement sans même s’en rendre compte, et pas pur mimétisme, cette onomatopée coréenne que le militaire utilise probablement un peu plus souvent qu’il ne le pensait pour manifester son agacement. Oké. Il se fait aussitôt une note mentale : surveiller un peu mieux ce qu’il dit et/ou fait en présence de ces jeunes qui ont une légère tendance à imiter un peu trop bien ceux qu’ils prennent pour modèle. Grossière erreur, en l’occurrence. Sam secoue la tête pour masquer son bug cérébral momentané, et choisit une nouvelle stratégie : « En revanche, enchaîne-t-il en adoptant aussitôt une posture de combat, lançant à l’adolescent un regard de défi, montre-moi plutôt ce que toi, tu sais faire. »

Il n’a pas besoin de voir le sourire ravi du jeune garçon, ni la lueur d’enthousiasme qui danse dans ses pupilles pour savoir que cela va fonctionner. Il esquisse une petite moue victorieuse. Gagné. Exactement comme Jaehyun, constate-t-il avec un sourire mental. Il a simplement besoin d’attention. Tandis qu’Eliot se met en position, bouillonnant littéralement d’énergie à l’idée de pouvoir se confronter à son mentor, Sam donne quelques ordres discrets mais directifs aux autres élèves pour les lancer sur différentes activités, nommant stratégiquement un responsable pour chacun des groupes et les laissant se débrouiller par eux-mêmes durant le bon quart d’heure qu’il leur reste avant la fin du cours. Étrangement, cela fonctionne à merveille. Ne jamais soupçonner le pouvoir de l’autonomie. Ils ne demandent souvent rien de mieux que de prouver qu’on peut leur faire confiance.

Le jeune coréen passe donc le reste de la session à se « battre » contre Eliot,  adaptant ses passes à celles de l’adolescent exubérant, et s’arrêtant de temps à autre pour lui donner deux-trois conseils que ce dernier écoute avec une attention presque douloureuse. Sam essaie cependant de ne pas négliger les autres, et s’interrompt parfois pour circuler parmi le reste des jeunes initiés. Eliot, à qui il a solennellement (et stratégiquement) donné le titre d’assistant pour la journée, le suit à la trace pour le seconder et le militaire est agréablement surpris de constater qu’il est aussi diligent qu’efficace, lorsqu’on lui confie une tâche aussi « importante ».

La fin de l’heure arrive finalement bien plus tôt que prévu, comme à chaque fois. Il ne voit jamais le temps passer, lorsqu’il fait quelque chose qui le passionne. Après une révérence traditionnelle que chacun effectue sans tergiverser, Sam leur distribue quelques bouteilles d’eau, et, après leur avoir recommandé de bien s’hydrater et de surtout s’étirer convenablement pour éviter les mauvaises surprises une fois que leurs muscles auront refroidi, il les laisse prendre congé en direction des vestiaires, répondant aux vifs signes d’au revoir d’Eliot par un petit sourire amusé. Après s’être lui-même changé dans sa salle désormais vide, il range rapidement ses affaires dans son sac, qu’il glisse sur une épaule, et traverse le couloir en direction de la sortie. Le jeune soldat ralentit cependant l’allure... jusqu’à stopper net, en percevant, de l’autre côté de la porte devant laquelle il s’est arrêtée, des exclamations de voix qui lui font froncer les sourcils.

Si la porte close ne lui permet pas de discerner véritablement toutes les paroles prononcées, le ton agressif et violent avec lequel s’exprime l’auteur de cette première voix suffit à le mettre sur ses gardes. Il perçoit un certain nombre de mots-clés qui lui donnent une vague idée de l’essence du discours virulent de l’adolescent qui s’exprime : « on galère », « société pourrie », « vous pensez être meilleure que nous », « pseudo-conseils », « vous ne savez rien ». Le militaire grimace et hésite un bref instant, la main sur la poignée. Si le ton monte à ce point, il sait parfaitement ce à quoi cela peut mener, surtout dans un lieu comme celui-ci. Il n’en est pas tout à fait sûr, mais il a suffisamment mémorisé le plan du bâtiment pour savoir que la salle devant laquelle il se trouve sert en général à accueillir des groupes de discussion. Il se souvient également avoir salué Megan un peu plus tôt, d’un bref signe de la main, lorsqu’ils se rendaient tous deux à leurs sessions respectives. La jeune femme lui a notamment expliqué qu’il lui arrivait d’avoir parfois des mésaventures de ce genre. Il n’est donc pas particulièrement étonné. Ce qui ne l’empêche pas d’être prudent. Le jeune homme se mord la lèvre et décide de ne pas rentrer... ni de partir pour autant.

Megan (ou l’intervenant, quel qu’il soit, à l’intérieur) doit être en mesure de maîtriser ce genre de situation sans avoir besoin d’aide. Au fond, il n’a pas vraiment de doutes là-dessus. Il ne devrait pas avoir à intervenir. Mais avec le public imprévisible et dangereux qu’ils accueillent parfois à Fighting for Hope, ils ne sont jamais à l’abri d’un dérapage, et il se force à prêter une oreille attentive, à l’affût de la moindre initiation de violence physique de l’autre côté de la porte, qui le forcerait à intervenir. Une autre voix s’élève finalement, tout aussi forte, mais nettement moins agressive que la précédente. Une voix qui répond fermement et semble vouloir reprendre les rênes de la conversation. Il la reconnaît comme étant celle de Megan. Sa voix est cependant plus aiguë que celle de celui qui s’en est pris à elle à l’instant, et son discours bien plus difficile à saisir, à travers la porte.

Quoi qu’il en soit, Sam n’essaie pas vraiment d’en discerner le sens, conscient que ses paroles ne lui sont pas adressées et qu’il n’a pas à les entendre, en réalité... puisqu’il n’a même pas à être là. Il perçoit pourtant malgré lui la mention de ses seize ans, de son père, de coups et d’insultes. Il ferme les yeux et tente de se concentrer davantage sur les bruits autour de la voix de la jeune femme, comme s’il craignait surtout un renouveau de violence du côté « adverse »... qui garde pourtant le silence. Doucement, le militaire pousse un vague soupir de soulagement et esquisse un léger sourire. Il semblerait qu’elle n’ait pas eu besoin d’aide pour gérer la situation. Comme prévu, en somme. Il hésite quelques secondes. Doit-il s’en aller avant que quelqu’un ne pense qu’il écoute aux portes de façon éhontée ? Ou bien doit-il rester pour s’assurer que Megan va bien ? Si ce genre de confrontations ne lui fait en général ni chaud ni froid, il sait à quel point cela peut ébranler n’importe qui. Avant d’avoir pris la moindre décision, il s’écarte par réflexe de la porte en entendant des pas s’en rapprocher. Les adolescents quittent la salle les uns après les autres, et Sam se penche légèrement, jetant un coup d’œil à l’intérieur. Un regard à la jeune femme lui confirmera sans doute que tout va bien et il n’aura plus qu’à se faire discret et à disparaître, pour ne pas l’embarrasser.

Oui. Mais non. Sam fronce les sourcils en apercevant la jeune blonde, à demi-penchée au-dessus de son bureau, luttant avec une bouteille d’eau récalcitrante. Il fait quelques pas feutrés à l’intérieur, sans qu’elle le remarque, et s’apprête à lui demander doucement si elle va bien... lorsqu’elle se met soudain à pleurer, après avoir renversé de l’eau sur son bureau et un peu partout autour. Oh. Non. Elle ne va définitivement pas bien, et la question meurt sur ses lèvres tant elle devient ridicule, compte tenu des larmes qui roulent à présent sur les joues de Megan. Il se mord la lèvre. Il n’a jamais été particulièrement doué pour réconforter les gens. A l’exception de Mercy, bien entendu, mais c’est... très différent. Il s’avance cependant jusqu’à elle, sans trop savoir, à présent, comment manifester sa présence sans lui faire peur.

« Megan ? ... » prononce-t-il tout doucement, comme s’il avait peur de la faire sursauter mais voulait prudemment lui faire comprendre qu’il est là. Il y a une légère interrogation dans sa voix, et bien qu’il n’ose pas poser la question, elle n’est pas loin : est-ce que ça va aller ? Machinalement, il glisse une main dans son sac et en retire à la fois un paquet de mouchoirs et une petite serviette. Puisqu’il n’est pas doué lorsqu’il est question de psychologie humaine, il choisit, faute de mieux, de focaliser sur les détails les plus triviaux. Ils lui donnent, en tout cas, l’impression de pouvoir faire quelque chose d’utile. D’un geste appliqué, il éponge diligemment l’eau qu’elle a renversée sans faire le moindre commentaire à son intention. Parce qu’il ne sait pas quoi dire, peut-être ? Ou bien parce qu’il ne veut pas la forcer à dire quoi que ce soit si elle n’en éprouve pas l’envie ? Probablement un peu des deux. Il espère, en tout cas, que l’attitude calme et posée qu’il se force à adopter permettra à la jeune femme de faire cesser petit à petit le tremblement qui traverse ses mains.

Un sourire compréhensif flottant au coin de ses lèvres, il lui lance un regard qu’il tente de rendre rassurant, avant de lui tendre son paquet de mouchoirs. « C’est ce que j’avais dit, tu te rappelles ? ajoute-t-il doucement avec un petit hochement de tête encourageant. Tu es bien plus courageuse que la plupart des soldats. »
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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptyJeu 19 Mar - 12:16






:  «Douloureux souvenirs»  Sam & Megan


Cette séance avait été comme beaucoup de première séance, difficile et exténuante. Mais elle ne s'attendait pas à se faire agresser de la sorte. Megan savait que le public qu'elle avait en face d'elle n'était pas toujours bien dans la société et qu'il y ait de grandes chances qu'au moins l'un d'entre eux n'arrivait pas à s'intégrer. Nombreux étaient ceux qui ne faisaient confiance à personne, mais en général ils lui laissaient le bénéfice du doute. Elle avait le temps de leur montrer que ce qu'elle pouvait leur apporter allait leur être utile. Seulement, Noah ne lui laissa pas cette opportunité. Elle avait senti la tension monter du côté du jeune homme, mais elle n'avait pas imaginé qu'il réagirait de la sorte, pas tout de suite en tout cas. Bien sur qu'elle comprenait ce qu'il disait, elle était passée par là et il y avait toujours un doute qui persistait quant à la légitimité des personnes qui voulaient aider. Mais de là à exploser ainsi alors qu'elle n'avait encore rien mis en place, ça n'était jamais arrivé. La jeune femme se souvenait des questions qu'elle se posait quand elle était arrivée en foyer. Des questions sur les personnes présentes, sur ses camarades d'infortune, sur ce qu'on pouvait lui proposer. Après ce qu'elle avait vécu, elle avait préféré prendre du recul et observer, jauger les gens avant de leur accorder de la confiance. Mais son tempérament ne l'avait jamais poussé à attaquer qui que ce soit.

Il lui fallut beaucoup de contrôle d'elle-même pour face face à la situation. Meg' se lança alors dans un monologue qu'elle n'avait pas prévu. D'ordinaire elle se préparait psychologiquement avant d'évoquer ce qu'elle avait vécu. Elle n'était pas du genre à raconter toute sa vie. Il s'agissait de choses personnelles et elle ne dévoilait jamais tout, préférant séparer chaque expérience. L'association n'était pas là pour parler de ses malheurs, mais pour aider des jeunes, elle évoquait simplement ce qui c'était passé dans sa vie pour appuyer sur des points qui pouvaient lui sembler importants. La blonde n'était donc pas spécialement préparée à dépeindre son passé comme elle le fit. Mais ce fut la seule réponse qu'elle put donner à Noah pour lui faire comprendre qu'elle avait toute légitimité et que si elle était présente et qu'elle animait ce groupe de parole, c'était pour eux et non pour satisfaire un besoin personnel. Le ton était monté un instant, mai son récit se fit d'une voix plus posée, plus calme. Un calme apparent, car en réalité, tout son corps était parcouru de décharge d'adrénaline. Ses mains tremblantes étaient dissimulées et étaient le seul signe montrant la tension qui l'habitait. La colère s'estompa un peu quand elle remarqua que le comportement du jeune homme changeait, mais elle ne la quitta pas totalement. Et très vite, elle mit fin à la séance, préférant en rester là, aussi bien pour eux que pour elle. Ses nerfs avaient été mis à rude épreuve et tout cela l'affectait plus qu'elle ne pouvait l'admettre. Bien sur qu'elle était passée à autre chose, mais son passé continuait de la hanter, quoi qu'elle fasse. Le fait qu'elle soit bénévole pour l'association était une preuve qu'elle n'oubliait pas.

Dos aux jeunes, elle les laissa s'en aller, ne répondant même pas à leurs discrets au-revoirs. Megan sentait le poids habituel de son passé peser sur sa poitrine. A cela s'ajoutait la colère, la crainte des réactions de Noah et l'accumulation de fatigue des derniers jours. Elle était heureuse de pouvoir venir conseiller des jeunes, mais cela lui demandait du temps et de l'énergie, et il y avait des jours à c'était plus difficile que d'autres. Avec toute ce qui venait d'avoir lieu, il s'agissait d'un jour difficile pour la jeune femme. Et tout son corps le lui faisait comprendre. Et cette bouteille d'eau qui n'aidait pas ! Meg' ne put retenir les larmes qui s'échappèrent. Elle resta à regarder, sans voir, l'eau sur le bureau, immobile. La voix de Sam la fit sursauter malgré la douceur qu'il mit dans sa voix. Elle tourna la tête vers le jeune homme et posa la bouteille pour s'essuyer les joues. Elle ne s'attendait pas à voir quelqu'un, elle avait toujours préféré craquer à l'abri des regards, seule, dans son coin. Et maintenant qu'il était là, elle se sentait bête de laisser cour à ses larmes. La jeune femme le regarda nettoyer l'eau qu'elle avait mis sur le bureau, en silence. Elle finit par baisser les yeux se tordit les doigts, ne sachant que faire de sa petite personne. Le calme de Sam l'aida à se reprendre, les larmes arrêtèrent de couler et sa colère retomba doucement. La remarque du jeune homme fit apparaître un léger sourire sur ses lèvres et elle haussa les épaules.

"Je ne sais pas si c'est du courage ou du masochisme... mais j'ai du mal à ne pas réagir face à l'injustice que ses jeunes subissent."

Meg' se redressa et soupira longuement. Elle passa de nouveau une main sur son visage pour faire disparaître les dernière traces humides et s'appuya sur le coin du bureau.

"Désolée de te faire subir ce craquage... je... j'étais pas préparée à tant de reproches et encore moins à devoir déballer ma vie comme ça. En général je compartimente toutes les mauvaises choses que j'ai vécues et c'est moins... douloureux, on va dire, à évoquer. Mais là, j'ai eu l'impression que ce serait la seule solution pour faire retomber la tension..."

Des images de son père, le visage rouge de colère, la main levée, flottaient encore dans son esprit. Elles se succédaient à celles de longues nuits passées dans la rue et à la peur d'élever un enfant seule. Un frisson la parcourut et elle posa un regard triste sur le jeune homme.

"La vie n'est vraiment pas tendre avec certains..."

Megan reprit sa bouteille d'eau et la porta à ses lèvres pour en boire une gorgée. Elle se perdit ensuite dans a contemplation de l'étiquette, encore quelque peu bouleversée par ce qu'elle venait de vivre.

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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptySam 28 Mar - 20:44


Douloureux souvenirs

Le militaire cille légèrement lorsqu’il voit Megan sursauter en réalisant sa présence. La surprise de la jeune femme, qui tourne la tête dans sa direction, ne lui fait pourtant pas changer d’avis ni interrompre le geste qu’il esquisse en direction du bureau pour éponger l’eau qu’elle y a laissée. Ses mouvements sont lents et précautionneux, son attitude toujours aussi calme. Du coin de l’œil, il la voit s’essuyer les joues mais ne la regarde pas directement, pas encore. Par pudeur, sans doute. Un peu comme s’il voulait lui laisser le temps de se recomposer. Lui faire comprendre, aussi, qu’il ne la juge pas. Qu’elle n’a pas à avoir honte, encore moins à se sentir stupide de réagir de la sorte.

Sam hésite imperceptiblement, le temps d’une fraction de seconde en voyant l’expression qu’arbore le visage de Megan. Peut-être aurait-elle préféré rester seule ? Il comprendrait, mieux que personne, qu’elle ne veuille pas que quiconque assiste à ce moment durant lequel elle a laissé libre-court aussi bien à ses larmes, qu’à ses blessures, ses insécurités, ses failles... Lui non plus, ne l’aurait pas supporté. Rares sont ceux qui ont eu l’occasion d’apercevoir ne serait-ce que ses yeux humides de larmes, qu’il s’agisse de rage ou de tristesse. Il ne se le permet tout simplement pas. Non pas qu’il s’agisse d’une preuve de faiblesse, bien au contraire. Il ne l’a jamais conçu ainsi. Mais c’est une porte trop grande ouverte sur lui-même. Sur ce qu’il est vraiment. Ce qu’il cache. Ce qu’il ne peut pas dire. Peut-être est-ce la même chose pour elle ? Peut-être ne voulait-elle pas qu’il voit cela ? Alors le jeune soldat maintient une distance respectueuse, l’ombre d’un sourire poli flottant au coin de ses lèvres, attendant qu’elle lui fasse signe, d’une façon ou d’une autre, pour qu’il s’en aille... ou pour qu’il reste.

S’il a assisté plus ou moins à la scène qui vient de se dérouler depuis l’autre côté de la porte, il n’aurait pas véritablement eu besoin d’entendre ce qu’il vient de se passer pour deviner l’état dans lequel se trouve Megan. Ce n’est pas la première fois qu’il se retrouve en face d’une réaction telle que la sienne. Le tremblement, dans les mains dans la jeune femme, sa façon de se tenir, les épaules légèrement voûtées, ce geste machinal de se tordre les doigts faute de savoir quoi faire d’autre... Tout cela lui fait penser aux adolescents de Fighting for Hope qui, parfois, craquent au beau milieu de son cours. Autour de la jeune femme irradie cette même aura de détresse douloureuse qui semble renaître soudain d’un passé qu’elle garde pourtant enfoui d’ordinaire, mais que l’incident vient de faire ressurgir, jusque dans le bout de ses doigts tremblants. Il sent l’adrénaline flotter dans la pièce autour d’elle, alors qu’elle tente de se calmer. Lui-même, respire profondément, et avec une régularité exagérée, comme pour forcer inconsciemment la jeune femme à faire de même.

Qu’il s’agisse des vagues efforts imperceptibles de Sam, ou simplement de la seule volonté de Megan, elle finit par retrouver son calme et à maîtriser suffisamment le flot d’émotions qui menaçait de la submerger, pour réussir à lui répondre quelque chose. Le militaire ne peut s’empêcher d’esquisser un petit sourire à sa remarque, sans trop savoir s’il s’agit d’une plaisanterie ou non. Quoi qu’il en soit, cela le rassure, tout comme le petit haussement d’épaules qu’elle a esquissé. Elle semble avoir repris à peu près le contrôle d’elle-même. Suffisamment, en tout cas, pour qu’il n’ait plus tout à fait besoin de se demander ce qu’il est censé faire. Il hoche doucement la tête en guise d’approbation. « Un peu des deux, peut-être. Le jeune coréen esquisse une petite moue encourageante, comme pour alléger l’atmosphère sans trop y parvenir. Réagir face à l’injustice qu’ils subissent, répète-t-il ensuite doucement d’un ton confiant, c’est la raison pour laquelle on est là. Je comprends. »

Sam expire longuement en fermant les yeux, lui laissant tout le loisir de faire disparaître ses dernières larmes. Le long soupir de Megan résonne un instant dans la salle de classe désormais vide, porteur d’un sens qu’il croit saisir, mais dont il n’est pas sûr. Il a l’impression qu’il y a autre chose, qui a contribué à perturber la jeune femme à ce point. Autre chose que le simple fait d’avoir été chamboulée par la réaction exagérément violente d’un adolescent paumé. Quelque chose qui a surgi sans qu’elle y soit tout à fait préparée, dans les mots qu’elle a prononcés. Une partie de son passé ? Ou bien... ou bien quelque chose d’autre encore, qui se serait produit aujourd’hui et qui l’aurait mise à fleur de peau. Quelque chose serait-il arrivé à Zoey ? Le jeune coréen sent une pointe d’angoisse lui serrer le coeur le temps d’une fraction de seconde. Il ne demande rien, cependant. Ce n’est pas à lui de parler. Et au fond, si elle ne veut rien lui dire, ça ne sera pas un problème non plus. C’est en tout cas ce qu’il veut lui faire comprendre par son attitude. Discrètement, le jeune soldat pose son sac à ses pieds puis, d’un mouvement souple et infime, se hisse sur le bureau pour s’y asseoir. Une façon, peut-être indirecte, de lui faire comprendre qu’il est prêt à lui tenir compagnie si elle le désire.

Le coréen arque un sourcil, cependant, en l’entendant s’excuser. De quoi ? Il n’en est pas tout à fait sûr. A-t-elle fait quelque chose de mal ? Faute de mieux, il secoue doucement la tête en signe de dénégation, comme pour chasser la culpabilité de Megan. Cela n’empêche pas la jeune femme d’expliquer plus en détail ce qu’il vient de se passer. Sam hésite un bref instant, esquissant d’abord un mouvement du menton pour lui signifier qu’il comprend. A vrai dire, il ne sait pas ce qu’il aurait été capable de faire, à sa place. Certainement pas la même chose. Pour lui, cette façon qu’elle a eue de « déballer sa vie comme ça » est une nouvelle preuve de courage. Jamais il n’en aurait été capable. Il aurait probablement quitté la salle. Ou, plus simplement, il n’aurait jamais été dans une situation telle que celle-ci dans un premier temps. Megan se met volontairement en danger, chaque fois qu’elle franchit le seuil d’une salle de classe, se rend-il soudain compte en lui jetant un regard en biais. Et il ne s’agit pas tant d’un danger physique, dont il était prêt à la protéger, mais bien plutôt d’un danger émotionnel, contre lequel il ne peut rien.

« Ne t’excuse pas, s’entend-il finalement dire sans l’avoir vraiment prémédité. S’il est encore novice dans le domaine des interactions sociales, cette situation-là ne lui est pas si inconnue, au fond. Et certaines choses lui semblent, paradoxalement, évidentes. Je suis là de mon plein gré. Si je n’avais pas voulu « subir » cela, reprend-il en agitant les mains en l’air pour marquer les guillemets invisibles, prouvant qu’il n’est justement pas question de subir quoi que ce soit ... je ne serai pas entré. Je voulais juste m’assurer que tu n’avais rien. »

Le jeune soldat se mordille la lèvre en l’observant avec un peu plus d’attention, avant de détourner les yeux face au regard triste qu’elle pose sur lui. Il ne sait pas exactement ce qu’il est censé avoir entendu ou non. Peut-être lui en voudra-t-elle d’avoir prêté oreille à quelque chose qu’elle ne réserve qu’à ses élèves... et encore ? Elle-même vient d’avouer qu’elle n’a pas l’habitude d’en dire autant d’ordinaire. Préfère-t-elle qu’il ignore ce qu’il pense avoir entendu ? Veut-elle en parler ou au contraire ne plus y repenser ? De quelle manière peut-il respecter ce dont elle a envie ? En l’invitant à en parler, ou en passant sous silence les raisons qui l’ont mises dans cet état ? Sam ne la connaît pas encore suffisamment pour deviner ce dont elle a besoin. Il s’entend cependant ajouter d’un ton pensif : « Tu sais... Courageuse ou masochiste, il ne faut pas que... Il hésite un bref instant, cherchant ses mots. Il ne veut surtout pas que ce qu’il s’apprête à dire passe pour une sorte de leçon déplacée. Il est certainement le dernier être humain sur terre à pouvoir en donner, surtout lorsqu’il est question de psychologie. Essaie d’abord de te préserver, toi, reprend-il en changeant de formulation. Je sais qu’aider ces jeunes est très important pour toi, sinon tu ne te priverai pas d’un peu de temps avec ta fille pour être là. Mais personne ne doit jamais te forcer à révéler quoi que ce soit sur toi si tu n’y es pas vraiment prête. Peu importe la situation. » Sam redresse un regard appuyé jusqu’à elle, comme s’il attendait une réponse. Il y a comme un « D’accord ? » interrogateur et silencieux qu’il ajoute sans le prononcer. Ce qu’il dit paraît important, à ses yeux. Il accompagne ses paroles d’un nouveau hochement de tête, avant de lâcher d’une voix très basse, presque inaudible : « C’est encore plus douloureux, quand on ne te laisse pas le choix. » Il ne sait pas très bien lui-même ce qu’il entend par là. Ou peut-être, plutôt, ne veut-il pas le savoir.

Sam ferme les yeux, inspire profondément et lève la tête vers le plafond, prenant un peu mieux appui de ses mains sur le bureau en une posture plus nonchalante, comme s’il avait voulu chasser le sérieux dans ses quelques mots. « Compartimenter, c’est important, reprend-il avec une petite moue d’approbation. Je le fais aussi. Constamment. Comme tout le monde, j’imagine. Mais ça ne suffit pas toujours... » Sa voix devient un peu lointaine alors qu’il marque une pause involontaire, avant d’ajouter : « Au contraire, c’est parfois le meilleur moyen de perdre le contrôle. » Un frisson imperceptible lui traverse les épaules de part en part, avant qu’il ne se reprenne, et n’esquisse un petit sourire fataliste alors que Megan fait remarquer que la vie n’est pas tendre avec certains. Si cette phrase est, somme toute, un peu banale, elle résonne malgré tout en lui avec une douloureuse évidence. « Hmm, approuve-t-il d’un petit marmonnement approbateur. Elle n’est tendre avec personne. » Sam a un léger haussement d’épaules, surpris lui-même par le pessimisme qui transparaît dans cette dernière remarque. Eh ben. Grosse ambiance. Bien joué. Super stratégie pour remonter le moral de quelqu’un, tiens. 20/20.

Le jeune soldat lève les yeux au ciel en arborant une expression aussi désolée que confuse. Il n’ose pas lui dire que niveau réconfort, elle n’a pas vraiment décroché le gros lot avec lui, et qu’il aurait mieux valu que quelqu’un d’autre passe dans le couloir... mais l’idée est là. Après quelques nouvelles secondes de silence pensif, Sam hésite encore un peu avant d’ajouter : « Megan... Il y a comme une sorte d’interrogation, dans sa voix. C’est moi qui suis désolé. Tiens, comme c’est surprenant de sa part. J’imagine que si tu n’avais pas prévu de dire quoi que ce soit à ces jeunes... tu préfères sans doute que moi non plus, je ne sois pas là ? »

Il ne sait pas très bien lui-même s’il pose véritablement une question ou non. Pas plus qu’il ne sait comment lui expliquer qu’il a entendu malgré lui quelques bribes de ce qu’elle a dit. Le jeune militaire a l’impression d’être entré quelque part sans y avoir été autorisé. L’ultime transgression, en somme. Et maintenant ? Et bien, maintenant... Il n’a aucune idée de la démarche à suivre. Pourtant, la personnalité de Megan est suffisamment douce et bienveillante pour le mettre en confiance. Assez, en tout cas, pour qu’il ne craigne pas de poser directement la question : je dois faire quoi, au juste ? « Je veux dire... reprend-il donc en passant machinalement une main dans ses cheveux, qui retombent étrangement sur son front, si tu as besoin de parler de ce qu’il s’est passé... ou d’autre chose, je ne bouge pas de là. Mais si tu préfères que je... » Plutôt que de terminer sa phrase, il illustre ses propos en pinçant les lèvres, en mimant le geste de les fermer à double tour, et en esquissant un geste en direction de la porte. Je ne dis plus rien. Et je m’en vais, donc. Le coréen arque un sourcil en guise de point d’interrogation à sa phrase interrompue, un léger sourire timide au coin des lèvres. Il sent encore, dans la posture de la jeune femme et la façon qu’elle a de tenir la bouteille d’eau serrée dans ses mains, qu’elle est encore bouleversée par ce qu’il s’est produit. Mais que faire ? Remuer le couteau dans la plaie ? Ou... ignorer le couteau dans la plaie ? Les deux solutions lui semblent tout aussi cruelles l’une que l’autre.

Au bout de quelques secondes, il entrouvre ses lèvres pourtant métaphoriquement scellées, et ajoute d’une voix douce : « Comment va Zoey ? ». Si la question est d’une sincérité enfantine, elle est aussi, en quelque sorte, une porte de sortie qu’il offre à la jeune femme. Si elle ne souhaite effectivement pas s’attarder sur l’incident, elle en a désormais la possibilité. On peut parler d’autre chose, si tu veux, semble-t-il vouloir lui dire.
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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptyJeu 16 Avr - 0:20






:  «Douloureux souvenirs»  Sam & Megan


L'arrivée de Sam avait surpris Megan, elle avait entendu son groupe quitter la salle, mais n'avait pas perçu les pas du jeune homme s'approchant. Elle n'avait pu retenir un mouvement de surprise et cela n'aida pas vraiment l'état du bureau. Elle le laissa néanmoins s'approcher. Meg n'était pas spécialement du genre expansive quand il s'agissait de ses peines, de ses craintes, de ses douleurs. Le fait que Sam la voit ainsi la gênait un peu. Il n'était pas obligé de supporter ses larmes et tout ce que cela signifiait. Sa remarque la fit pourtant sourire. Et elle nuança sa réponse, entre réalité et humour. Et comme il le lui fit remarquer, elle devait surement être à la fois courageuse et masochiste pour s'infliger ces séances. Mais elle n'était pas la seule et Sam pouvait comprendre ce qu'elle vivait. Elle ne savait pas comment se passaient ses séances, mais face à ces jeunes plus ou moins en difficulté, il devait se retrouver parfois à donner un peu plus de sa personne pour que tout se passe pour le mieux. C'était, en quelque sorte, ce qui venait d'avoir lieu. Elle s'était dévoilée bien plus qu'elle ne le faisait d'ordinaire et elle n'avait pas eu le temps de s'y préparer.

La présence de Sam était apaisante. Elle lui permettait d'avoir une occupation et de ne pas ressasser les souvenirs, tous plus douloureux les uns que les autres. Son cerveau avait l'occasion de se tourner vers autre chose. Son calme revint assez vite et après un long soupir, elle se sentit plus maîtresse d'elle même, ce n'était pas encore très clair dans sa tête, mais elle avait retrouver ses esprits et s'excusa auprès de Sam. Elle tenta de lui expliquer ce qui l'avait conduite à se mettre dans un état pareil. Elle n'était pas certaine que ce qu'elle disait était compréhensible, ou logique, elle énonçait juste un fait. La réalité de son passé l'avait soudainement rattrapée et elle n'y était pas préparée. Meg' revoyait les pires instants de sa vie défiler dans son esprit, elle avait réussi à maîtriser le tremblement de ses mains, mais pas à faire partir les fantômes de sa vie d'ado. Des images auxquelles elle n'avait pas pensé depuis longtemps, préférant laisser tout cela derrière elle, évoquant un souvenir à la fois pour pouvoir y faire face plus facilement seulement lorsque cela était nécessaire.

Les paroles du jeune homme rassurèrent quelque peu la demoiselle. Elle n'avait pas envie de lui imposer son humeur et ce n'était pas le cas. Elle fit un petit mouvement de tête pour lui montrer qu'elle comprenait ce qu'il lui disait et en même temps pour le rassurer sur le fait qu'elle allait bien. Bon, bien n'était peut être pas le bon terme, mais elle allait mieux qu'avant qu'il ne la rejoigne et c'était déjà ça. Jusqu'à présent, elle ne s'était pas vraiment posée la question de la venue de Sam, mais la dernière phrase lui fit tilt. Elle comprit qu'il n'était pas entré par hasard. Avait-il entendu l'élévation des voix ? Avait-il entendu ce qu'on lui reprochait, ce qu'elle avait répondu ? L'avait-il vue en train de pleurer. Qu'est ce qui l'avait poussé à venir la voir ? Quoi que fut la raison, elle lui était reconnaissante de passer quelques instants en sa compagnie. Et même s'il avait entendu quelque chose, ce n'était pas le plus important. Bien sur qu'elle ne racontait pas sa vie au premier venu, mais elle ne cachait pas non plus les épreuves qu'elle avait traversées. Elle évitait juste de tout dire. Lire la pitié sur le visage de ses interlocuteurs de l'intéressait pas. Si elle évoquait un morceau de son histoire c'était pour expliquer son parcours. Il était rare qu'elle ait besoin de raconter le soir où elle avait été mise dehors, préférant simplement dire qu'elle n'avait plus de lien avec ses parents, sans rentrer dans les détails. Et c'était certainement le souvenir le plus douloureux ancrait en elle.

Sam reprit la parole et le regard triste de Meg' fixa le visage du jeune homme. Elle lui laissa le temps de trouver ses mots, et elle intégra ce qu'il lui dit. Bien sur, elle avait conscience qu'elle devait se préserver, mais c'était plus fort qu'elle. Megan était une personne entière qui faisait les choses par conviction et elle se lançait toujours à 200%. Elle baissa les yeux quand il eut fini, c'était difficile d'acquiescer à ce qu'il avait dit alors qu'elle se savait incapable de ne pas tout donner dans cette association. Elle releva doucement le regard et fit une petite moue contrite. Ce qu'il ajouta était totalement vrai. Elle ne pouvait dire s'il parlait par expérience ou parce qu'il avait une sorte de sagesse qu'elle même était loin d'avoir. En tout cas, elle haussa les épaules en signe d'impuissance.

"C'est plus fort que moi..."

Il n'y avait pas d'autres mots. Megan avait l'impression qu'elle devait donner tout ce qu'elle avait à donner et si elle ne le faisait pas, elle avait cette impression d'être inutile. Les blessures de ce fameux soir n'avaient pas été que physique, elle était marquée à vie et avait ce besoin de se donner corps et âme dans tout ce qu'elle faisait. Elle en était arrivée à préférer regretter une parole plutôt que de regretter de ne pas avoir tenter quelque chose. La situation avec Noah en était la preuve. Elle avait pris la décision de dévoiler son passé pour ôter tout doute de l'esprit de ces jeunes en face d'elle. Elle savait qu'elle n'avait pas à le faire, mais sa légitimité était en jeu et s'exposer lui poser moins de problème. Sur le moment. Elle n'avait pas réfléchi. Meg' observa Sam s'appuyer sur le bureau tout en réfléchissant à ce qu'il venait de dire. Mais ses pensées furent interrompues par la voix du coréen et elle pencha la tête légèrement sur le côté tout en l'écoutant. Une petite moue sceptique apparut sur son visage. Jusqu'à présent le problème ne s'était jamais présenté. La compartimentation était efficace et cela lui permettait d'éluder certains passages. Mais peut être avait-il raison après tout.

La jeune femme fit remarquer que certaines personnes avaient nettement moins de chance que d'autres dans la vie et qu'elles n'étaient pas épargnées. La réponse de Sam était assez sombre. Ce n'était pas faux, mais elle avait du mal à se dire que c'était un fait et qu'il n'y avait rien à faire. Elle avait fait énormément d'efforts pour se sortir de son bourbier et elle avait l'impression de s'en être plutôt pas mal sortie. Il fallait juste trouver les bonnes personnes et l'envie, la motivation d'arranger les choses pour que la vie soit un peu plus douce par la suite. Plongée dans ses réflexions, ses souvenirs, elle prit la bouteille d'eau et but une gorgée avant de la refermer et de contempler l'étiquette. Même si elle ne regardait pas Sam, elle avait remarqué qu'il semblait assez peu à l'aise dans cette situation. Et quand il prononça son prénom, elle releva la tête. Elle l'écouta et avant même qu'il ait fini sa phrase, elle secoua doucement la tête en signe de désaccord. Ce n'était pas qu'elle ne voulait pas en parler, elle ne s'y était pas préparée et là était toute la différence. Elle le laissa continuer et un fin sourire éclaira son visage. Elle repoussa les quelques affaires qu'il y avait sur le bureau pour venir s'y percher. Les mains serrant la bouteille sur ses genoux, elle les observa tout en écoutant le jeune homme, jouant avec un coin de l'étiquette qui s'était décollée.

Meg releva la tête pour le regarder faire signe qu'il était prêt à partir si elle le souhaitait. Une nouvelle fois, elle secoua la tête et garda le silence une seconde, avant de prendre la parole, un soupir s'échappa de ses lèvres.

"Je suis plutôt contente que tu sois là en fait..."

Et elle le pensait réellement. Pour une fois il y avait quelqu'un avec qui parlait. Elle n'était pas seule avec ses sombres pensées. Le silence retomba, mais il ne dérangeait pas Meg. La tension dans son corps était toujours présente, il lui faudrait un peu de temps pour aller mieux, mais elle sentait le poids dans sa poitrine se réduire un peu. Les paroles de Sam avaient fait leur chemin, là aussi il lui faudrait du temps pour tout intégrer, mais elle n'était pas seule et s'était déjà un soulagement. Sam rompit le silence avec la question qui changeait les idées à coup sur. Le sourire de la demoiselle s'élargit et elle se redressa. Parler de sa fille faisait toujours cet effet. Elle était fière d'elle et en parler était toujours un plaisir.

"Elle me réclame un chat... mais sinon elle va bien. Je pense que son père lui manque, mais elle n'en parle pas trop... Elle sait qu'on fait de notre mieux et elle n'a pas envie de me faire de la peine..."

Le fait d'aborder le sujet Zoey ne fit pas oublier à Meg' la raison de la présence de Sam et ce petit intermède lui faisait du bien, néanmoins, elle avait toujours ce poids dans la poitrine et pour une raison qu'elle ignorait, elle sentit le besoin de revenir sur ce qu'elle avait dit à Noah et aux autres.

"Sam... ce que je vais te dire là... c'est pas pour que t'aies pitié ou quoi que ce soit. Je ne sais pas trop ce que t'as entendu et comme on parle de Zoey... Je suis tombée enceinte j'avais pas 16 ans et on ne peut pas dire que mon père a été tendre quand il a apprit la nouvelle." Elle fit une courte pause, sa main vint se poser instinctivement sur son sourcil pour atterrir ensuite sur la croix qu'elle portait autour du coup. "J'ai été mise dehors, rouée de coups et abandonnée. Zoey est la meilleure et la pire chose qui me soit arrivée. Je ne lui en veux pas, elle est toute ma vie... mais il y a des souvenirs qui sont... même le mot horrible est trop faible je crois."

Megan baissa la tête et reposa sa main sur la bouteille. Elle inspira profondément et expira lentement. Une nouvelle part de la tension dans son corps s'échappa par ce simple mouvement. Le poids dans sa poitrine se fit plus léger et son regard perdit d'un peu de tristesse.

"Ce sont ces souvenirs là les pires... Ce soir là. Je n'en parle pas comme ça d'habitude, mais les mots sont sortis et les images sont revenues." Elle posa ses yeux verts sur le jeune homme. "La vie n'est tendre avec personne, mais elle peut être sacrément vache avec certains..."

Elle haussa les épaules et se reconcentra sur ce coin d'étiquette qui s'était décollée. Elle avait tout un tas de souvenirs agréables, mais quand les ombres du passé refaisaient surface, il lui était difficile de les invoquer. Les moments noirs de sa vie prenait alors le dessus et elle avait besoin de temps pour les repousser. C'était la première fois depuis des années qu'elle parlait de tout cela et si la première fois elle n'était pas prête, avec Sam s'était différent. Elle avait prit le temps de choisir ses mots et elle s'en sentait libérée. Sa tête penchait sur le côté, elle observa le coréen du coin de l'oeil.

"Merci d'être entrée dans la salle. Merci pour tout ça."

Elle engloba le bureau sur lequel ils étaient installés d'un geste vague de la main. Un remerciement était la moindre des choses. En pénétrant dans la salle il devait être loin de s'imaginer sur quoi il allait tomber. Et il avait gagné le gros lot.

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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptySam 18 Avr - 22:21


Douloureux souvenirs

Sam esquisse un petit sourire entendu à l’infime mouvement de tête que la jeune femme lui adresse. Elle semble avoir compris qu’il n’a pas besoin de beaucoup plus. Cela suffit pour répondre à la question quelque peu indirecte qu’il lui a posée : est-ce que tout va bien ? Evidemment, prétendre que tout va bien serait probablement exagéré compte tenu de l’ombre qui plane encore dans les yeux de Megan, légèrement rouges des larmes qu’elle a versées. Non, elle ne va pas bien, en réalité. Ce mouvement de tête veut plutôt dire quelque chose comme ça ira. Petit à petit. Elle a juste besoin de se reprendre, à son rythme. Alors qu’il hésite encore à s’éclipser ou à rester à ses côtés, ne sachant pas ce qui est attendu de lui, le jeune militaire ne peut s’empêcher de lui expliquer qu’elle doit avant tout se protéger. Il ne comprend pas ce qui le pousse à dire tout cela. Peut-être commence-t-il suffisamment à cerner la jeune maman, pour sentir qu’elle n’est justement pas le genre de personne à se donner seulement à moitié lorsqu’elle fait quelque chose. Ce détail l’inquiète. La bienveillance et la générosité de Megan sont tout à son honneur, bien entendu... mais elles sont précisément ce qui la met en danger. Il n’y a rien de plus dangereux qu’un excès de gentillesse. Sam se demande vaguement pourquoi il s’est senti concerné, pourtant. Pourquoi s’inquiète-t-il, au juste ? Une déformation professionnelle ? Un besoin de protéger, tout simplement ancré en lui ?

Les lèvres du jeune coréen dessinent une petite moue amusée alors que Megan baisse la tête à ses quelques mots, puis la relève d’un air un peu piteux. Comme si elle comprenait parfaitement ce qu’il essayait d’expliquer, qu’elle admettait qu’il avait raison... mais qu’elle ne pouvait tout simplement pas approuver puisqu’elle se savait incapable de suivre ses conseils. Il lâche un léger soupir amusé, et hausse les épaules, lui aussi, alors qu’elle réplique le plus sincèrement du monde qu’elle n’y peut rien. Cela ne le surprend pas, au fond. Il s’en était douté. Sam hoche légèrement la tête en guise de compréhension silencieuse, accompagné d’un petit « Hm-hm... » d’approbation. Megan n’a pas la même expérience que lui. Peut-être n’a-t-elle tout simplement pas appris à prendre cette distance pourtant vitale dans certaines circonstances... Se protéger soi, pour mieux protéger les autres par la suite. Cela paraît peut-être un peu froid, trop pragmatique. Mais un soldat deviendrait fou, dans le cas contraire. Sam secoue la tête. Elle n’est pas un soldat. C’est une infirmière. Il sourit doucement. Cela en dit déjà suffisamment sur sa façon de voir les choses. Se donner d’abord pour les autres. En soi, leurs métiers ne sont pas bien différents, mais la façon qu’ils ont de les appréhender l’est davantage. Il ne commente pas, cependant. Elle doit avoir ses raisons. Son passé, ce qui l’a construite la pousse à se donner corps et âme pour les autres... tout comme ce qu’il a vécu, lui, le force à se préserver et à garder une maîtrise totale de lui-même, bien qu’il ne donne pas moins de sa personne au service des autres.

Tout à ses réflexions sur cette question de la compartimentation, qui a selon lui ses limites, il ne remarque pas l’expression sceptique qui traverse le visage de la jeune femme, et qui semble mettre momentanément en doute ce qu’il explique. Finalement, il ose poser la question qu’il retient depuis un certain temps et qui justifie le léger malaise qu’on peut discerner dans la façon qu’il a de se comporter. Cette situation n’est définitivement pas sa tasse de thé, et c’est un peu la raison pour laquelle il préfère lui demander directement ce qu’elle attend de lui, s’excusant comme de coutume... on ne sait pas très bien de quoi, d’ailleurs. Le jeune coréen sourit instinctivement en voyant Megan secouer la tête en signe de dénégation, puis imiter son geste et se hisser à son tour sur le bureau, la bouteille d’eau serrée entre ses mains. La réponse suffit, en soi. Non, elle ne veut pas nécessairement qu’il garde le silence ni qu’il s’en aille. A-t-elle donc besoin d’en parler ? Est-ce le sens de ce nouveau mouvement de tête au moment où il suggère de s’éclipser, par respect pour elle ?

Sam ne sait pas très bien ce qu’il doit en penser. Il esquisse une petite moue qu’il n’arrive pas très bien à interpréter lui-même, alors qu’elle finit par répliquer que finalement, elle est contente qu’il soit là. Il y a comme un merci implicite dans ces quelques mots, et l’ombre d’un sourire flotte sur ses lèvres. Est-il soulagé de les entendre, parce qu’ils signifient qu’il n’a pas fait de faux pas, et qu’il a eu raison d’entrer ? Ou bien ressent-il un début de panique à l’idée de devoir lui servir de confident, alors qu’il ne sait déjà pas comment gérer lui-même le chaos de ses propres sentiments contradictoires en temps normal ? Que va-t-il bien pouvoir dire ou faire, à présent ?

« D’accord. » s’entend-il répondre d’un ton assez neutre, finalement, mais suffisamment assuré pour laisser comprendre ce qu’il veut dire à travers ces mots-là : je ne bouge pas de là, donc. Docile, il se réinstalle un peu plus confortablement sur le bureau, joignant ses deux mains, posées sur ses cuisses. L’émotion qui l’envahit est un mélange de soulagement et d’anticipation. Elle semble avoir besoin d’une présence. Quelqu’un qui lui permette de ne pas rester seule avec des pensées que le militaire ne peut deviner. Ou bien quelqu’un à qui les dire, pour s’en délivrer ? Sa gorge se noue alors que le silence retombe entre eux, assez paisible, cependant. Si Sam est content de ne pas avoir fait quoi que ce soit de travers pour l’instant, il n’est pas sûr de pouvoir maîtriser la suite... Raison pour laquelle, peut-être, il finit par demander des nouvelles de Zoey. Une façon pour Megan de penser à autre chose... et pour lui de faire diversion, et de glisser vers un terrain qu’il maîtrise davantage. Il ne peut s’empêcher d’esquisser un sourire attendri en voyant le visage de la jeune maman s’éclairer presque littéralement à l’évocation de sa fille. C’est automatique. Stratégie parfaite, chance de succès : 100%. Il laisse échapper un rire à l’évocation du chat réclamé par Zoey. « Oups, lâche-t-il avec un petit haussement d’épaules coupable. My bad. Je vous emmènerai au cat café dont je lui ai parlé, ça fera peut-être un peu diversion. Ou ça aggravera les choses, au choix. » Le jeune homme a une grimace comique, qui disparaît progressivement alors qu’elle évoque le père de la petite fille, qui lui manque. Il se mord la lèvre d’un air pensif, sans rien ajouter. Il se souvient que le père de Zoey est militaire, comme lui. Il doit être effectivement souvent absent, et au vide qu’il a laissé s’ajoute sans doute l’angoisse constante, pour Megan, de ne pas le voir revenir. Il est étrange cependant qu’elle n’ait mentionné le père de Zoey qu’en évoquant sa fille. Ne lui manque-t-il pas, à elle aussi ?

Il ne pose pas la question, pourtant, qu’il juge bien trop intrusive. Il n’est pas là pour ça. Il n’est là que pour lui tenir compagnie. Le jeune coréen se contente donc d’un petit hochement de tête compréhensif. « C’est une enfant très mature. » commente-t-il simplement ce qui, pour eux deux, est déjà l’évidence même, à vrai dire. Mais il y a comme une once de regret, dans sa voix. La petite Zoey lui semble porter bien trop de responsabilités pour de si minuscules épaules. Il n’en dit rien, cependant. Il sent plus qu’il ne voit la tension dans le corps de la jeune femme assise à côté de lui. Si elle semble se détendre petit à petit à mesure qu’ils échangent, elle est encore à fleur de peau. Il craint qu’un commentaire de travers ne suffise à lui faire à nouveau perdre pied, et malgré toute sa prudence, il a l’impression d’évoluer sur une corde en équilibre au-dessus du vide. Le militaire garde le silence, et baisse les yeux en direction de ses mains, enviant un bref instant à Megan la bouteille d’eau qu’elle garde dans les siennes, triturant allègrement l’étiquette. Lui aussi, aurait bien besoin de quelque chose dans ce style pour s’occuper les doigts. Il relève la tête en entendant son prénom, et esquisse un léger mouvement du menton, alors qu’elle lui précise que ce qu’elle s’apprête à dire n’a pas pour objectif d’attirer sa pitié.

Le regard calme et entendu du jeune homme parle pour lui. Cela ne lui aurait jamais traversé l’esprit. Elle ne le connaît sans doute pas suffisamment pour s’en douter, mais il n’est pas du genre à prendre les gens en pitié. Tout comme il ne supporterait pas qu’on le plaigne. Les lèvres closes, mais les yeux fixés sur le visage de Megan, comme par respect pour ce qu’elle a à lui dire, il l’écoute du début à la fin sans ciller. Son regard suit simplement le geste qu’elle esquisse en direction de la croix qu’elle porte au cou au moment où elle ménage une pause. Ce qu’elle lui raconte remplit en quelques sortes les vides qu’il ne pouvait combler à son histoire, puisqu’il n’avait entendu que des bribes de son discours à travers la porte. De l’extérieur, le militaire ne laisse rien transparaître. Il ne cille pas, et son visage reste d’un calme et d’une neutralité à la limite du surnaturel. Pourtant, son coeur est lourd d’empathie, et dans son regard passent différentes émotions qu’il ne cherche pas à camoufler, par honnêteté envers elle. La surprise, d’abord. Pas tant d’apprendre qu’elle a été enceinte si jeune, (il avait déjà fait le calcul par lui-même) mais de la réaction de la famille qui s’est ensuivie. La colère, l’espace d’une fraction de seconde, pour cette même réaction, condamnable et dénuée de sens, à ses yeux. La compréhension, aussi, alors qu’elle termine en évoquant des souvenirs difficiles à supporter. L’espace d’un instant, ses yeux se perdent dans le vide. Des souvenirs difficiles à supporter... Le jeune soldat bat des paupières. Cela, il le sait mieux que personne, bien que son parcours de vie soit bien différent de celui de la jeune femme.

Il se reprend vite, cependant, et reporte son attention sur Megan alors qu’elle baisse de nouveau la tête, inspirant puis expirant profondément. Sam esquisse un petit sourire, vaguement rassuré de constater que la posture de la jeune maman est un peu différente, à présent. Son regard aigu la scanne rapidement. Il semble qu’une partie de la tension qui demeurait encore dans les muscles de ses épaules se soit envolée. Son regard, même, semble plus vif, et l’ombre qui y planait un peu plus tôt s’est évaporée. Est-ce aussi simple que cela ? Le militaire, par mimétisme, se détend lui aussi très légèrement, réajustant sa posture martiale. L’appréhension le quitte progressivement à mesure qu’il réalise que Megan n’a pas besoin qu’il dise quoi que ce soit, au fond. Il n’est pas là pour lui donner des conseils, ni pour trouver une solution. Après tout... comment pourrait-il y avoir de solution à ce qu’il s’est passé il y a si longtemps ?

Elle voulait simplement le dire, pour s’en délivrer. A son rythme. Selon ses propres termes. Le temps d’une brève seconde d’épiphanie, il se demande si ce n’est pas ce qu’il devrait faire, lui aussi. Il l’a fait, en partie, avec Sara, à qui il a commencé, petit à petit, souvenirs après souvenirs, à raconter ce qui a fait de lui ce qu’il est. Le jeune homme bat des paupières et revient au moment présent au son de la voix de Megan, qui, après avoir conclu à nouveau que la vie n’est réellement pas tendre avec certains, le remercie soudain. Sa gratitude le prend de court, et il entrouvre la bouche, d’abord sans bien comprendre où elle veut en venir. « Oh... il suit des yeux son geste montrant le bureau sur lequel ils sont juchés, et semble tilter un peu à retardement. Ce n’est rien. N’importe qui aurait fait la même chose. » tente-t-il de minimiser avec un mouvement de tête machinal.

« Et puis, reprend-il, un sourire un peu timide au coin des lèvres, je n’ai pas fait grand chose, au fond. J’ai le rôle le plus simple. C’est toi, qui a fait tout le travail. » Sam hoche doucement la tête pour donner plus de poids à ses paroles. C’est vrai, après tout... Il n’a fait que s’asseoir sur un bureau et l’écouter parler sans l’interrompre. C’est elle-même, qu’elle doit remercier. C’est à elle qu’elle se doit d’aller un peu mieux désormais. Il n’a servi qu’à réfléchir ses propres pensées. « A vrai dire, ajoute-t-il d’un ton pensif, c’est plutôt à moi de te remercier de m’avoir fait confiance. Je sais à quel point ça n’a pas dû être facile, ce que tu viens de faire. » Une hésitation traverse son regard. Le calme de la pièce, l’honnêteté de Megan... et peut-être le sentiment de devoir rééquilibrer un peu les choses le pousse à ajouter quelque chose. Bien sûr, il ne la connaît pas encore assez pour lui raconter ce qu’il ne peut dire, et qu’il a bien du mal à avouer ne serait-ce qu’à Sara, mais l’instant qu’il vienne de partager lui donne envie de faire honneur à la confiance qu’elle a eue en lui. Et puis... l’influence grandissante dans sa vie de Sara, de bébé Sam, de ses camarades des Ombres alliés aux non moins dynamiques Pirates... De Mercy, surtout, l’ont fait évolué. Il n’a plus aussi peur de ce qu’il ne peut maîtriser. Il y a des choses qu’il peut dire, parce qu’il sait désormais qu’il n’est plus seul pour les affronter.

« Je le sais, parce que je le fais aussi : je n’en parle pas, souffle-t-il avec un petit sourire ironique, les yeux baissés en direction de ses mains. Mais ça n’efface rien. Au contraire. »  Au contraire. Plus il les étouffe, plus les images et les souvenirs reviennent, vifs et tranchants, peupler ses cauchemars et l’empêcher de dormir, quand ils ne l’assaillent pas de jour. Le jeune homme hausse les épaules et redresse la tête en direction de Megan. Il inspire profondément, mais sa voix reste posée et toujours aussi douce alors qu’il reprend, ses yeux légèrement voilés : « Ce que je vais te dire est très différent, bien sûr, et je ne peux pas prétendre savoir ou comprendre ce que tu as pu ressentir ce soir-là, et les années qui ont suivi. Mais je crois que je peux essayer de l’imaginer. C’est comme si... Tu avais d’abord perdu quelque chose de très important ce soir-là. Perdu ta famille. » Après tout, n’est-ce pas la toute première douleur, dans l’histoire de Megan ? Faire face à la violence et à la déception de ceux qui auraient dû l’aimer inconditionnellement ? Les voir disparaître de sa vie ? Sa voix baisse d’intensité, et son coeur loupe un battement. Perdre sa famille. Il connaît par coeur ce sentiment qui vous déchire la poitrine et vous laisse pour mort. Il l’a vécu trop de fois. Le jeune soldat ferme les yeux. Cette fois-ci, la situation ne lui échappe pas, cependant. Il se maîtrise et ajoute : « Il y a quelques années, j’ai perdu presque tous les membres de mon unité lors d’un séisme dans la région de Chiangmai. » Il fait une légère pause pour expirer doucement. Le dire d’une façon neutre, comme on annoncerait les gros titres d’un journal est impossible et sa voix a vacillé sur les derniers mots. « Nous étions déployés pour aider à évacuer les victimes bloquées sous les décombres. On savait tous le risque qu’on prenait. » Sa gorge se noue. Ce n’est pas exactement ce qu’il voudrait dire. C’est lui, qui le savait. Lui, qui a été responsable de ce groupe de soldats qui n’est jamais revenu de mission. Lui, qui a pris les mauvaises décisions ce jour-là. Il se mord la lèvre avant de conclure dans un murmure : « Ils étaient ma famille. » Le mot le fait frissonner. Il n’y a pas qu’eux, qu’il a perdus, évidemment. Mais il ne peut se résoudre à évoquer ses parents. Moins encore sa petite soeur.

Le jeune soldat laisse passer un petit moment de silence, alors que ses souvenirs font défiler les visages de ceux qu’il ne reverra plus, se mêlant confusément à ceux des Ombres qui ont survécu à l’accident et qui sont restés sa seule famille, jusqu’à récemment. Eux aussi, ont vécu le même drame que lui. Puis il secoue la tête, et jette à la blonde un regard piteux, comme s’il s’en voulait d’avoir parlé de lui quand il était avant tout question d’elle. « Ce que je veux dire, reprend-il en tentant un sourire un peu triste et fataliste. C’est que je comprends. Je ne peux rien faire d’autre que ça, malheureusement, mais je comprends. Je sais ce que c’est, des souvenirs dont on n’arrive pas à se débarrasser. » Sans doute plus qu’elle ne l’imagine, d’ailleurs, songe-t-il avec un petit frisson. Sam pose sur la jeune maman un regard entendu, avant de terminer sur une note un peu plus positive, esquissant un petit sourire en coin : « Anyway... Je suis content d’avoir pu aider à t’en libérer un peu. » Machinalement, il balance ses jambes dans le vide, depuis le bureau, effleurant le sol au passage du bout de son pied, alors qu’il laisse un silence pensif s’installer à nouveau entre eux.
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Megan Richardson
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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptyVen 22 Mai - 18:50



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:  «Douloureux souvenirs»  Sam & Megan


Discuter, tout simplement, mettre des mots sur ce qu'elle pouvait ressentir, aider Megan à remettre de l'ordre dans ses pensées. A éloigner un peu les images qui lui étaient apparues, ces souvenirs qu'elle savait au fond d'elle, mais qu'elle espérait pouvoir maîtriser, sans succès. Tout ce qui était dit, sur le fait de se protéger, de ne pas dévoiler ce qu'elle ne voulait, ou ne pouvait pas dire, elle savait tout cela, mais elle restait une jeune femme entière. Sa réaction fut tout d'abord la compréhension des mots de Sam, mais ensuite revint la réalité, elle était incapable de ne se donner qu'à moitié dans cette cause. Et elle en était là. Avec le jeune homme, à essayer de réunir les souvenirs douloureux pour les refouler le plus loin possible. La présence de Sam lui était bénéfique. Il s'agissait d'une personne calme, posée, rationnelle et il avait ce quelque chose qui l'aidait à calmer les tremblements de ses mains, à retrouver une respiration calme et à laisser filer les images. La question sur Zoey l'y aidait beaucoup. Meg' était réellement fière de sa fille, de la personne qu'elle était, de son courage, de sa force et de son caractère enjoué. La diversion de Sam fonctionna à merveille et c'est avec le sourire qu'elle évoqua le chat qu'elle lui réclamait. Elle parla également du père de Zoey et de son absence, car elle savait que cela commençait à peser sur les frêles épaules de la fillette.

La proposition de Sam fit sourire Meg'. Comme il le disait, cela pouvait calmer son envie d'adopter un chat, comme au contraire, exacerber cette envie. Megan fit un petit signe de tête d'assentiment. Elle-même ignorait si cela pouvait l'aider ou non, mais elle acceptait l'offre du jeune homme. En plus de cela, elle n'avait pas oublié que leur rencontre avait été possible grâce à la gentillesse du coréen et qu'elle lui devait au moins un verre pour cela. Bien sur, le fait de parler de Caleb rembrunit un peu la demoiselle, mais elle ne pouvait rien faire de plus. Il était entré dans leur vie et cela avait été pour le plus grand bonheur de Zoey, Meg', quant à elle, ne savait pas vraiment que penser, mais elle ne pouvait retirer le droit au jeune homme de voir sa fille. Le fait qu'il parte régulièrement pour de longues périodes n'était pas facile, mais la fillette essayait de le comprendre et la jeune maman voyait que cela la touchait, mais qu'elle faisait l'effort de ne pas poser trop de questions. La remarque de Sam était juste. Megan se rendait compte que sa fille devait plus se débrouiller que la plupart des autres enfants. Et cela la travaillait beaucoup, ça la contrariait sans qu'elle ne sache vraiment comment faire. Elle devait travailler et ses horaires étaient rarement simples, mais l'argent ne tombait pas du ciel...

Après un instant de silence, Megan se décida à dévoiler ce qui l'avait mise dans cet état. Cette partie de son histoire qui avait fait d'elle ce qu'elle était, une jeune maman, indépendante et altruiste. Comme elle l'indiqua à Sam, elle ne cherchait pas la pitié, elle y avait eu droit bien trop souvent, elle voulait juste mettre des mots sur la raison de ce mal être. Soutenir le regard du jeune homme était compliquée et elle préféra baisser les yeux sur la bouteille qu'elle tenait. Quand elle releva enfin la tête, ce fut en répétant des mots qu'elle avait déjà prononcés un peu plus tôt. Exposer ainsi son passé, avec des mots simples, sans craindre le jugement ou la pitié, l'avait libéré d'un certain poids. Elle ne s’épanchait que rarement et avait oublié le bénéfice de formuler ses souvenirs avec des mots. Elle arrêta là son récit et après quelques secondes de silence, elle remercia le coréen d'être là, de l'avoir aidée à reprendre le dessus sur ses émotions et à l'avoir écoutée. Sa réponse étira un sourire à Meg, elle n'était pas certaine que tout le monde aurait réagi comme lui. Et ce qu'il ajouta finit par lui faire hausser les épaules. Peut être bien qu'il n'était qu'assis là, à côté d'elle, mais c'était agréable d'avoir une oreille attentive. Pour une fois, elle n'était pas celle qui écoutait, mais bien celle qui avait ressenti le besoin de parler.

Son regard vert posé sur le jeune homme, elle le laissa dire ce qu'il pensait de la situation et elle ne sut que répondre. Cela lui avait semblé assez naturel de lui révéler cette partie de sa vie. Elle n'avait jamais eu de raison de ne pas faire confiance à Sam, bien au contraire. Leur rencontre même était signe qu'il était fiable et depuis il avait toujours été gentil et agréable. Cette preuve de confiance, comme il le disait, était logique pour elle. Megan eut une petite moue accompagnée d'un léger sourire. Ce n'était pas facile, mais le résultat était là, elle était délivrée de ce poids sur sa poitrine, de la douleur de ses souvenirs. Les paroles de Sam l'étonnèrent quelque peu, elle ne s'attendait pas à ce qu'il parle de sa propre expérience avec des souvenirs à oublier. Elle acquiesça d'un signe de tête quand il lui dit qu'intérioriser ne faisait qu'empirer les choses. Elle ne pouvait qu'être d'accord avec ça. Elle le laissa parler et ses premières phrases la concernaient elle, bien sur, personne ne pouvait comprendre les joies et les douleurs des autres, mais comme il le dit, il était possible de les imaginer. Surtout lorsque l'on a vécu des choses qui s'en rapproche un peu. Elle hocha la tête quand il évoqua la perte de sa famille, ça avait été l'une des pires choses, se retrouver seule, la seconde avait été la violence de son père.

Toute l'attitude de Sam montrait à Meg qu'il s'apprêtait à lui annoncer quelque chose qui le touchait particulièrement. Elle garda le silence et écouta avec attention. La demoiselle était assez admirative de la façon dont il annonçait la chose. C'était avec calme et maîtrise. Pour côtoyer un militaire de temps en temps, pour en croiser lorsqu'elle sortait, Meg avait appris qu'un soldat, s'il se sentait bien dans son unité, considérait cette dernière comme une part de sa famille. Elle comprit donc où il voulait en venir et ne l'interrompit pas pendant son court récit. L'émotion dans sa voix, son regard lointain, elle se doutait que ce n'était pas des mots faciles à prononcer. Le regard qu'elle posait sur lui était bienveillant et compréhensif. Il n'y avait rien à dire à cette perte. Elle retint sa main de se poser sur l'épaule du jeune homme pour lui montrer son soutien, elle préféra garder le silence et tourna la tête pour qu'il puisse reprendre le contrôle qui était souvent le sien.

La voix de Sam résonna dans la salle et le regard qu'il lui jeta voulait tout dire. Ils pouvaient comprendre une part de la douleur de l'autre. Ils avaient vécu une perte dans des circonstances déchirantes. Et Sam mit des mots sur ce qu'elle pensait. Elle hocha la tête avec un sourire désolée. Elle aurait préféré qu'ils n'aient pas à vivre de pareils moments, mais après tout... ces moments les avaient menés là ou ils étaient et avaient fait d'eux ce qu'ils étaient. Le changement de ton fit sourire Megan qui plaça ses mains derrière elle et s'étira doucement le dos.

"Et je vais me répéter, mais merci de m'en avoir donné l'occasion."

La jeune femme se redressa et inspira longuement avant de soupirer. Elle tourna sa tête vers Sam avec un fin sourire. Il n'était plus temps d'être sombre et de penser au passé. Leur conversation avait été déjà bien assez dure pour ne pas en rajouter. Elle lança donc un tout nouveau sujet, quelque chose qui la rendait assez curieuse.

"Dis moi... tes séances avec les groupes ne sont pas trop mouvementées ?"

Les sports de combat n'avaient jamais intéressé la jeune maman et ce n'était que récemment qu'elle avait pris le temps de googliser quelques sports de combat. Elle avait été impressionnée et pas mal de questions s'étaient bousculées dans sa tête. La première concernait le coréen et ses groupes de jeunes. Elle n'avait pas imaginé qu'il fallait tant de maîtrise pour ce genre de sport et elle était curieuse de connaitre le truc de Sam pour que tout cela ne parte pas en pugilat.
 
"Je me suis renseignée sur quelques arts martiaux et... je suis curieuse de savoir comment t'arrives à les garder disciplinés."

BY .SOULMATES

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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptyMar 26 Mai - 1:13

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Douloureux souvenirs

Sam a l’impression confuse que ses efforts, si minimes soient-ils à ses yeux, suffisent à aider la jeune femme. Il le sent à la façon dont elle se tient, il l’entend à sa respiration qui s’apaise petit à petit, aux gestes nerveux de ses doigts sur cette bouteille qu’elle tient encore. Cela le rassure inexplicablement, autant pour elle que pour lui, d’ailleurs. Qu’aurait-il pu faire d’autre, si elle avait de nouveau fondu en larmes ? Il préfère ne pas se poser la question. Megan n’avait besoin que d’une oreille attentive, et d’une présence suffisamment calme à ses côtés pour mettre de l’ordre dans le chaos de ses émotions. Cela paraît simple. Mais il sait, mieux que personne, à quel point cela ne l’est pas. Cela lui suffirait-il, à lui ? Non. Pas tout à fait, en tout cas. Il aurait d’abord besoin d’avoir une confiance aveugle et inconditionnelle envers cette personne assise à côté de lui, prête à l’écouter se libérer de ce qui l’étouffe. La confiance. N’est-ce pas justement ce dont il est question, finalement ?

Le jeune coréen esquisse un sourire imperceptible à cette constatation, qui lui en rappelle malgré lui une autre. Elle fait naître une pensée fugace dont son coeur se saisit avec délice. Celle d’instants particuliers, passés sur le toit d’un bâtiment, assis aux côtés de Mercy à l’écouter glisser des aveux à mi-mot, sa main dans la sienne. Sam secoue imperceptiblement la tête, comme pour se forcer à rester concentré sur le moment présent. Focus. En voyant un sourire germer sur les lèvres de Megan à la mention de sa fille, puis à sa proposition de les emmener au cat café, le militaire remercie silencieusement son mentor non-officiel dans ce genre de situation, l’inégalable Sara, sur laquelle il vient de caler à la fois son attitude posée et ses réponses bienveillantes. Dans le même mouvement que la jeune femme, il esquisse un petit signe de tête en guise d’approbation, pacte silencieux qu’ils viennent de conclure et dont il n’a pas encore tout à fait réalisé la teneur. Vient-il, de son plein gré, de proposer une sortie à la jeune femme et sa fille ? Décidément. Il progresse à la vitesse de la lumière, ces derniers temps. Il en aurait presque été fier, si la situation avait été différente.

L’heure n’est pourtant pas à l’auto-congratulation, puisque Megan, après ce bref échange au sujet de Zoey, brise à nouveau le silence pour lui expliquer les raisons de cette crise de larmes qu’elle n’a pu empêcher. Calant à nouveau son attitude sur celle qu’il a maintes et maintes fois observée chez Sara, il l’écoute patiemment... attentivement aussi, sans se familiariser de ce regard qu’elle ne peut pas poser sur lui. Il le comprend tout aussi bien que le reste. Sans jugement. Sans arrière-pensées. Sans pitié. Mais avec une sorte de compréhension tacite et intuitive. Il la laisse se libérer de ces souvenirs qui semblent peser douloureusement sur sa poitrine. Il le voit à la façon dont elle se redresse au fur et à mesure de ses mots, un peu comme si ce qu’elle retenait jusqu’à maintenant était tout aussi physique, et que son corps, libéré du poids de ses souvenirs, s’épanouissait enfin. Comme si elle acceptait, à voix haute à présent, cette part de souffrance qui l’a menée ici. En l’observant s’épancher de la sorte et y trouver une sorte de réconfort indicible, Sam se demande l’espace d’une fraction de seconde s’il en serait capable. Cela suffirait-il à balayer le champ de bataille de son subconscient, sur lequel s’entre-déchirent ses souvenirs ? Cela paraît si simple, de la voir vaincre petit à petit ses émotions, qu’il l’envierait presque. Peut-être est-ce une des raisons qui le pousse à lui dire ce qu’il ne dit pas souvent, en lui parlant de ses camarades disparus ?

Avant cela, le remerciement de Megan le prend de court, tout comme le sourire qui étire les lèvres de la jeune femme alors qu’il lui répond, avec une sincérité un peu naïve, qu’il a fait ce que n’importe qui ferait... Tout en précisant, d’ailleurs, qu’il n’a pas fait grand chose, après tout. Le jeune homme esquisse une petite moue en la voyant hausser les épaules à cette remarque, comprenant avec une pointe d’amusement qu’elle ne semble pas tout à fait partager son opinion sur la question. Il ne s’agit pas tant de faire quelque chose, au fond... Simplement d’être là. De la mettre suffisamment en confiance pour qu’elle ne se sente pas vulnérable en prononçant des mots dont la réalité blesse autant qu’elle libère. La confiance. C’est bien ce qui semble s’établir petit à petit dans le demi-silence feutré et apaisant de cette salle vide. Et c’est ce que le jeune soldat essaie de lui dire, en la remerciant à son tour pour son honnêteté. Il ne sait pas très bien pourquoi cela paraît important, ni de quelle manière cette confiance s’est mise en place si curieusement, au moment où il s’y attendait le moins. Si Megan ne répond pas, il comprend à la petite moue qu’elle esquisse, puis à son léger sourire, que cette confiance-là ne la surprend pas. Au contraire. Elle n’a pas l’air de s’être posé la question, moins encore d’avoir hésité une seule seconde avant de lui parler. Cela lui a semblé... logique, presque naturel ?

Sam fronce légèrement les sourcils, à la fois intrigué et touché par la sincérité de la jeune femme à son égard. Il n’ajoute rien à ce propos, cependant... Et à la place, fait honneur à la confiance dont elle l’a investi, en livrant à son tour une partie de ce qu’il est. Une partie de ces souvenirs douloureux, à lui... Ceux qui font écho à la souffrance qu’il a sentie dans la confession de Megan, bien qu’ils soient très différents. Il la voit hocher doucement la tête en guise d’assentiment, alors qu’il tente d’imaginer ce qu’elle a pu ressentir en perdant sa famille, puisant dans ses propres souvenirs tout en luttant pour en maîtriser le flot. Un frisson glacé le traverse de part en part. Perdre sa famille. Une pente sur laquelle il ne peut s’engager tout à fait sans perdre le contrôle. Une idée lancinante qu’il étouffe chaque jour un peu plus. La seule chose, au monde, qui le terrifie jusqu’à la moelle. Parce qu’il sait à quel point cette crainte est réelle. Elle l’a été tant de fois par le passé qu’elle hante depuis lors ses cauchemars. Pourtant, il ne peut la laisser gagner lorsqu’il est éveillé.

Si sa voix semble maîtrisée, au départ, elle est le fruit d’un combat de tous les instants, et d’un besoin de contrôle inhérent à sa personnalité. Peut-être est-ce justement la différence avec Megan, et la raison pour laquelle il n’arrive pas (en tout cas, pas comme elle) à se libérer ainsi de tout ce qui le retient prisonnier ? Parce qu’il ignore ce qui arriverait s’il perdait le contrôle ? Il essaie, cependant, à la fois pour honorer la preuve de confiance qu’elle lui a offerte, mais aussi parce que l’attitude de Megan lui en a donné envie. La voir se redresser à mesure que le poids dans sa poitrine s’allégeait lui a fait croire que cela pouvait fonctionner également pour lui.

Un peu. Cela fonctionne, un petit peu. Parce que la jeune femme garde un silence tout aussi attentif et bienveillant que le sien. Parce qu’elle ne l’interrompt pas. Parce qu’il n’y a pas davantage de pitié dans son regard que dans celui qu’il lui a renvoyé un peu plus tôt. Parce qu’elle semble vouloir lui dire, tout simplement, qu’elle comprend, bien qu’elle ne puisse saisir la portée de ce qu’il ne dit pas. Parce qu’elle n’ajoute rien, aussi. Qu’y aurait-il à dire ? Il remarque du coin de l’œil qu’elle détourne poliment la tête, et sourit en comprenant qu’elle lui offre la possibilité de retrouver la complète maîtrise de soi, qu’il a laissée s’échapper un bref instant sur les dernières syllabes. Elle ne peut se rendre compte, bien sûr, de ce qu’il dit vraiment. Tout comme elle ne peut comprendre que ce regard qu’il rive droit devant lui n’est pas seulement hanté par la perte de cette seconde famille qu’il a laissée disparaître dans les ruines de Chiangmai. Un frisson lui traverse imperceptiblement les épaules à cette pensée, qui en fait naître une autre, bien plus récente, mais non moins douloureuse. Cette balle, logée dans l’épaule de Mercy, à quelques centimètres seulement de son cœur. Son visage si pâle et ses yeux clos dans la salle d’opération. Ses doigts froids contre les siens et ses instants interminables à prier qu’elle se réveille enfin, et que sa famille, cette fois-ci, ne disparaisse pas.

Le coréen cligne des yeux pour se reprendre, mais son cœur reste encore quelque peu saisi d’angoisse à ce souvenir, alors qu’il se retourne vers la jeune maman. Il conclut et revient au moment présent, admettant d’une voix douce qu’il comprend, tout simplement, bien qu’il ne puisse rien faire de plus. Le sourire triste et désolé qu’elle lui renvoie semble vouloir lui répondre très exactement la même chose, et Sam esquisse un petit mouvement de tête entendu, comme si ce geste avait pu signer une sorte d’accord tacite qu’ils n’ont pas besoin de formuler... Et clôturer ainsi cette étrange parenthèse qui vient de modifier très légèrement la dynamique entre eux. L’atmosphère change, et s’allège tandis que Megan s’étire doucement, comme pour se débarrasser d’une fatigue émotionnelle et détendre les muscles de son dos, crispés par la tension de ces dernières minutes de session qu’elle a vécues.

Le militaire sourit malgré lui alors que Megan répète volontairement un nouveau remerciement. Il hoche la tête avec son humilité habituelle, mais n’essaie pas, cette fois-ci, d’amoindrir sa reconnaissance, ni de minimiser sa propre contribution à ce qui vient de se produire. Certes, peut-être n’a-t-il pas eu besoin de faire grand chose... Mais au fond, ça n’est pas la question, et ça n’est pas ce qu’elle lui demande. Il sait ce qu’elle veut dire par là. Que sa présence suffit, et qu’il n’a pas besoin d’accomplir un exploit ni de suer sang et eau pour accepter un « Merci ».  Il sourit intérieurement à cette pensée. C’est déjà ce que lui répètent à longueur de temps les Ombres, désespérés par sa modestie exacerbée et son peu d’estime de soi... Sans compter Mercy, qui l’a menacé récemment de mettre en place, en complément de leur Sorry Jar commune, une Thank you Jar dans laquelle il serait censé mettre cinq dollars chaque fois qu’il estime ne pas mériter un remerciement qu’on lui fait.

Après tout, ce n’est pas à lui de décider s’il le mérite ou non, mais bien plutôt à Megan. Alors il l’accepte, poliment, d’un léger mouvement du menton et d’une réponse toute simple. « Anytime. » articule-t-il avec légèreté, bien que la sincérité transparaisse dans ces quelques syllabes prononcées naturellement. Pas plus qu’elle, d’ailleurs, il ne souhaite faire durer ce moment lourd de sens, certes, mais difficile, qu’il ont dû partager. Par mimétisme, il inspire profondément dans le même mouvement qu’elle, et la regarde se redresser, répondant à son sourire par une expression similaire, quoique vaguement hésitante. Une lueur indécise traverse son regard. Et maintenant ? Maintenant, à vrai dire, il ne sait plus vraiment ce qu’il doit faire, et jette un coup d’œil à son sac abandonné au sol, puis à ses propres pieds qu’il cogne machinalement contre le bureau, se demandant s’il doit se relever, ou rester encore un peu. Fort heureusement, la jeune blonde ne lui laisse pas le temps de s’interroger davantage, et lui pose une question à laquelle il ne s’attendait pas. A vrai dire, il ne s’attendait pas à grand chose... Mais il ne peut s’empêcher d’arquer un sourcil surpris devant l’air curieux qu’elle arbore, et le sens de ce qu’elle vient de dire.

Son second réflexe est un sourire, presque reconnaissant. Un peu comme si... Il comprenait où elle voulait en venir. Parlons d’autre chose. Parlons de quelque chose qui te fait du bien. La stratégie (peut-être involontaire) de Megan, semble fonctionner, puisque le jeune soldat se redresse à son tour, et qu’un éclat amusé traverse ses pupilles à la mention de ces séances qu’elle n’espère pas trop mouvementées. S’ils ont déjà échangé quelque peu sur la façon dont Megan arrive à gérer ses groupes de discussion, il est vrai que lui-même, est resté assez vague sur la façon dont il s’y prend pour éviter qu’il y ait des morts. Le sourire de Sam se fait presque malicieux lorsqu’elle renchérit en expliquant qu’elle a fait quelques recherches sur les arts martiaux, et s’inquiète de la façon dont il peut maintenir une quelconque discipline dans ce genre de situation.

Sam sent un petit rire lui chatouiller la gorge, et l’humour, d’abord, vole à son secours, comme s’il avait voulu contre-balancer les douloureux souvenirs échangés, et terminer d’alléger l’atmosphère. « En général, fait-il mine de répondre avec un air et un ton de voix faussement sérieux, je commence par en assommer un ou deux au hasard, pour l’exemple. Ça suffit à calmer les autres. » Ses yeux plissés d’amusement contredisent bien sûr le sérieux de ses propos, et il laisse échapper un petit rire qu’il accompagne d’un haussement d’épaules. Le jeune coréen balaie ses paroles d’un petit geste de la main pour signifier qu’il plaisante (comme si ça n’était pas suffisamment évident), puis confirme, sans se départir de son sourire : « Quand on apprend à des jeunes comment se battre... En effet, c’est forcément un peu mouvementé, surtout avec des jeunes de cette trempe. » Il laisse échapper un petit soupir fataliste, et ses lèvres dessinent une grimace ironique, teintée d’une sorte de tendresse à l’égard des élèves qu’il évoque, et qui l’ont touché petit à petit, chacun à leur manière.

« Disons qu’il y a des hauts et des bas... reprend-il en esquissant une petite moue, songeant un bref instant au léger incident qui a eu lieu quelques minutes plus tôt avec le  diablotin hyperactif qu’est Eliot. Et des énergumène plus turbulents que d’autres. » Il lève les yeux en direction du plafond d’un air théâtralement exaspéré. Les énergumènes en question, Megan doit bien les connaître, elle aussi, bien qu’elle ne soit probablement pas confrontée aux mêmes problèmes que lui et qu’elle ne passe donc certainement pas son temps à leur demander de ne pas marcher sur les murs, s’il vous plaît. Il sourit à nouveau, puis hoche la tête en guise d’approbation. La jeune femme a mis le doigt sur un élément-clé de l’apprentissage des arts martiaux, sans forcément en avoir conscience. La discipline. « La discipline, dans ce genre de sports, c’est essentiel. » approuve-t-il donc vivement, alors que son visage reprend un peu de sérieux, et que ses yeux s’animent à mesure qu’il s’exprime. Parler de ce qui lui tient à cœur a toujours eu cet effet bénéfique dont il n’a pas conscience, d’illuminer son visage. De le rendre plus vivant. « C’est compliqué, tu as raison, parce qu’il ne s’agit pas de leur apprendre n’importe quoi. Un mouvement de trop, un geste impulsif... Et ils peuvent aussi bien se mettre en danger, que blesser les autres. Ils le comprennent assez vite d’eux-mêmes. » Sam passe une main dans ses cheveux d’un air songeur, avant d’esquisser un sourire en coin. « C’est pour cela, je pense, que ceux qui sont restés dans ce cours sont encore là... » Il tourne la tête vers elle et lui lance un regard appuyé. Sa voix a très vite retrouvé son sérieux et sa rigueur, et laisse même transparaître ce à quoi doit ressembler un des speech qu’il donne de temps à autres à ses élèves. La même détermination perce dans les mots qu’ils prononcent. « Parce que je crois que même sans le vouloir, ils ont besoin de cette responsabilité et de cette discipline. De limites. »

Cela, il ne l’a pas seulement compris en les rencontrant, bien qu’il ait dû s’adapter petit à petit à la dynamique particulière de ce groupe de jeunes en perpétuelle évolution. Il le sait, parce que c’est exactement ce qu’il était, lui. C’est exactement dont il a eu besoin, lorsque son mentor, le Lieutenant Lee, l’a pris sous son aile et l’a mené où il est à présent. Il hausse cependant les épaules avant d’ajouter, d’une voix où perce un rire à peine dissimulé : « Bon, évidemment, ils ne s’attendaient probablement pas à ce que je leur casse les pieds à ce point, niveau discipline. » Il grimace d’un air un peu coupable. « Je suis intransigeant, je l’avoue. Déformation professionnelle.... Y en a même quelques uns qui se mettent systématiquement au garde-à-vous quand j’entre dans la pièce, maintenant. » Il rit doucement, sans que l’on sache, cette fois-ci, s’il plaisante ou non. Probablement pas. Si la douceur et la patience du jeune coréen sont indiscutables, son regard inflexible laisse penser qu’il est hors de question de passer outre ses conseils, et encore moins de contredire un ordre qu’il aurait donné, sous peine de finir plié en quinze, version origami. Sam secoue la tête, en réalisant soudain que ce qu’il raconte ne constitue pas tout à fait une réponse à la véritable question de la jeune femme. Elle lui a surtout demandé comment il s’y prend.

« En fait, j’ai été un peu fourbe, au départ... » avoue-t-il, un fin sourire vaguement machiavélique au coin des lèvres, qui contraste avec la lueur amusée dans le fond de ses yeux. Être fin stratège, cela ne s’applique pas seulement sur un champ de bataille... « Les premières semaines, je suis arrivé aux séances avec mon uniforme. » S’il était conscient que cette stratégie ne suffirait pas complètement à asseoir une quelconque autorité, il savait aussi que, visuellement, cela aurait un poids suffisant dans l’imaginaire collectif, pour en dérouter quelques uns, et pour lui permettre, en obtenant leur attention, de faire ensuite vraiment ses preuves. Et leur montrer qu’ils pouvaient lui faire confiance, uniforme ou non. Et inversement, d’ailleurs. C’est ce qu’il tente d’expliquer à Megan, usant d’un « tu » adressé en réalité à lui-même plutôt qu’à elle : « J’ai compris que si tu veux qu’ils t’écoutent, vraiment, et qu’ils acceptent ce que tu as à leur apprendre, il faut d’abord qu’ils acceptent une certaine forme autorité de ta part. Et c’est eux, qui te la donnent, en réalité... » Il sourit malicieusement, en levant les yeux en direction du plafond. « L’uniforme, c’était de la triche, bien sûr... Une façon un peu artificielle d’attirer leur attention, si on veut. Mais cela m’a permis, ensuite, de faire mes preuves plus concrètement, en leur montrant ce que je sais faire, et ce que je peux leur apporter. » D’un mouvement souple, il se laisse glisser du bureau pour se relever complètement et faire quelques pas dans la pièce, les mains fourrées maladroitement dans ses poches et l’air un peu ailleurs, à présent. Il n’a pas parlé autant d’une seul traite depuis... Il ne s’en souvient plus. Mais il aurait encore beaucoup à en dire.

« Ça a pris un peu de temps, commente-t-il en hochant la tête à ses propres mots, mais ça nous a permis de mettre en place un respect mutuel. Du moins, je l’espère. On a fait un pacte, ensemble. Je m’engage à leur enseigner tout ce que je sais. En échange, ils s’engagent à écouter, à obéir, et à apprendre. » Il penche la tête sur le côté avec une petite grimace, modérant ensuite aussitôt ses propos, dans un souci d’honnêteté. « Bien sûr, ça... C’est la théorie. Dans la pratique, ça n’est pas toujours aussi simple. » Le jeune homme lui lance un regard complice. Elle doit très bien savoir ce à quoi il fait référence : le public auquel ils ont affaire est imprévisible, tout simplement. « Ils ont chacun leurs humeurs, continue-t-il, bien que Megan en soit déjà bien trop consciente. Il y a des jours où certains sont ingérables... Mais ils savent comment ça fonctionnent. Ils connaissent les règles. » Sa voix se fait impartiale et catégorique, alors qu’il hausse les épaules une fois de plus et conclut en énonçant la règle en question : « Au moindre geste de travers, au moindre risque qu’ils prennent et qui mette en danger eux-mêmes ou leurs camarades, ils sortent de l’activité. » Raison pour laquelle Eliot, malgré son talent inné pour le taekwondo, passe souvent une bonne partie de la séance assis par terre à bouder, après avoir tenté une enième cascade dangereuse. « J’ai un spécialiste du genre, dans le lot. » ne peut-il s’empêcher d’ajouter avec un petit pouffement de rire affectueux. « Aujourd’hui, par exemple, il a encore essayé de marcher sur le mur... Aishhh. Je pense que je vais lui faire repeindre les murs de la salle entière, pour le principe. » Sam laisse passer un petit moment de silence pensif, sans que l’on sache si la punition est une plaisanterie ou s’il est déjà en train de se demander de quelle couleur Eliot va devoir repeindre la salle de classe.

Le jeune homme fait quelques pas jusqu’à la fenêtre, s’appuyant contre le rebord en jetant un coup d’œil machinal à l’extérieur. « Les mettre en groupes, et désigner un responsable pour chaque équipe, c’est aussi une stratégie qui fonctionne bien. » Il marque un temps d’hésitation, avant de nuancer presque immédiatement : « Même si elle peut très vite se retourner contre toi, si tu as le malheur de désigner le mauvais responsable. » A en croire l’expression de son visage, il ne fait aucun doute qu’il parle par expérience, bien qu’il ne s’attarde pas davantage sur la question cette fois-ci. A la place, il esquisse un franc sourire et sa voix s’adoucit encore alors qu’il termine enfin :

« Le plus satisfaisant, en tout cas, c’est de les voir se surprendre eux-mêmes, et réussir des choses dont ils ne se pensaient pas capables. » Le jeune soldat hoche vivement la tête, comme pour donner plus de poids à ses mots. Il n’y a rien de plus satisfaisant, en effet, que de voir l’expression de pure stupéfaction sur les traits d’une adolescente timide et effacée, qui vient de mettre au sol d’une simple prise équilibrée un adversaire deux fois plus grand et plus large qu’elle. A cette pensée, Sam jette un coup d’œil songeur en direction de Megan, et après un bref instant d’hésitation, ajoute d’une voix vaguement moins assurée : « Si tu veux... Tu peux venir assister à une de mes séances, un jour, si cela peut satisfaire davantage ta curiosité. Ça serait avec plaisir. Et ça serait nettement plus concret que mon monologue. » Il rit doucement d’un air désolé, et lui adresse un clin d’œil. Il ne sait pas s’il s’agit simplement du fait qu’ils parlent de quelque chose qui le passionne, ou bien si ces étranges confessions un peu plus tôt ont contribué à instaurer une complicité un peu plus confortable entre eux, mais il ne se sent plus vraiment mal à l’aise. A tel point, d’ailleurs, qu’il ose même demander, mi-sérieux mi-amusé : « Je peux aussi te montrer deux ou trois petits trucs, maintenant... Si tu as besoin de te défouler ? » Sam hausse un sourcil interrogateur. Si la jeune maman ne paraît pas être du genre à pratiquer un sport de combat (quel qu’il soit d’ailleurs), la curiosité qu’elle vient de manifester laisse entendre un certain intérêt malgré tout, et peut-être ses nerfs encore à fleur de peau ont-ils également besoin d’une occasion de se concentrer sur autre chose ?
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Megan Richardson
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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptyJeu 9 Juil - 0:05



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:  «Douloureux souvenirs»  Sam & Megan


Megan ne s'attendait pas forcément à ce que Sam fasse part également d'un moment difficile de sa vie. Elle-même en avait parlé parce qu'il l'avait découverte tremblante et en pleurs. Elle s'était sentie le besoin de lui donner les raisons de cet état et cela lui avait fait du bien de mettre des mots sur ce qu'elle avait vécu. Entendre le récit du jeune homme rappelait à la demoiselle, qu'elle n'était pas la seule à avoir connu des périodes difficiles, qu'il y avait des personnes qui avaient soufferts au moins autant qu'elle. Ce pan de l'histoire de Sam faisait écho avec ce qu'elle avait vécu et elle savait qu'il pouvait comprendre, en partie, ce qu'elle avait ressentie. Même si le plus dur n'était pas forcément la perte de ses parents, mais le rejet de ceux-ci. Le résultat était le même, elle s'était retrouvée seule et dans une situation compliquée. Meg' laissa à Sam quelques secondes pour se reprendre, lui-même lui avait laissé un peu de temps pour reprendre ses esprits après sa crise. Ils pouvaient comprendre la perte de l'autre et les mots de Sam résumaient parfaitement tout ce qu'ils venaient de se dire. La blonde le remercia donc encore une fois et sa réponse la fit sourire. Elle préférait éviter de s'épancher autant sur son passé. Il y avait des choses bien plus importantes et moins sinistres que ce qu'elle avait vécu étant adolescente.

A présent que tout avait été dit, que le poids de ses épaules s'était allégé, Megan se sentait mieux. Elle laissa s'échapper les dernières tensions de son corps en s'étirant et en inspirant profondément. Cette journée était plus forte en émotion que ce qu'elle avait prévu et elle sentait la fatigue remplacer la colère. Cela ne l'empêcha pas de laisser son cerveau vagabonder d'une idée à une autre, jusqu'à ce qu'elle ne s'arrête sur Sam et les arts martiaux qu'il enseignait aux jeunes de l'association. Megan, étant curieuse de nature, avait fait quelques recherches après l'un de leurs croisements dans le bâtiment. Elle avait pris une petite heure pour se renseigner, lire quelques notions et regarder quelques vidéos. Elle s'était aperçue qu'il existait de nombreux sports, mais que tous, ou presque, avaient une base assez commune : la discipline. Hors, elle savait qu'il n'était pas facile de faire régner une certaine discipline avec des jeunes turbulents qui ont des problèmes avec l'autorité. Ce fut donc tout à fait sincèrement, qu'elle demanda au jeune homme comment il faisait.

La réponse de Sam la fit tout d'abord sourire, puis un rire léger s'échappa de ses lèvres. Elle imaginait très bien le coréen s'en prendre à deux de ses élèves pour que l'ordre s'installe. Elle même avait ce genre d'envie quand la situation lui échappait un peu, mais ils n'étaient pas là pour traumatiser ces jeunes. Et en plus, elle aurait été bien incapable d'assommer deux personnes. Megan eut confirmation de la part de Sam que ce n'était pas évident de leur inculquer quelque chose sans quelques troubles. Elle acquiesça d'un signe de tête pour lui faire comprendre qu'elle voyait très bien de quoi il pouvait parler. Et son sourire s'élargit quand il lui dit que certains étaient plus dissipés que d'autres. C'était d'ailleurs pour ce genre de perturbateurs qu'elle avait posé sa question. Tous n'étaient pas des cas, mais elle connaissait quelques jeunes qui avaient du mal à rester en place et à être attentif très longtemps.

Le coréen reprit plus sérieusement et Megan s'installa un peu plus confortablement sur le bureau, elle se recula légèrement et croisa les jambes tout en se tournant légèrement vers le jeune homme. Attentive à tout ce qu'il allait lui dire. Mais il n'y avait pas que les mots qu'elle étudiait, elle pouvait voir l'expression de Sam se transformer quand il commença à parler de ce son enseignement. Il aimait ce qu'il faisait, cela se voyait dans son regard, dans sa posture. Meg resta donc silencieuse durant ses explications, faisant quelques signes d'assentiment de temps en temps. Sa curiosité était pleinement assouvie avec les précisions de Sam. C'est ainsi qu'elle eut la confirmation qu'il fallait un certain ordre durant les cours, aussi bien pour la sécurité de l'élève que celle des autres, elle apprit également que tous ne restaient pas et qu'il n'y avait que les plus motivés. Quand il évoqua ce besoin de discipline, de limites, Meg' ne put qu'acquiescer de nouveau de la tête. Elle était d'accord avec ça et c'était d'ailleurs l'une de ses lignes de conduite durant ses séances. Il y avait des limites à respecter, même s'il ne s'agissait que d'un groupe de parole, et le non respect de ces limites entraînait l'exclusion, plus ou moins longue, du groupe. Ce que Sam ajouta ensuite la fit sourire. Elle avait pu remarquer, à quelques reprises, que les militaires attachés une certaine importance à la discipline et cela ne l'étonna donc pas que le coréen fasse subir cela à ses élèves. Et l'anecdote sur le garde à vous fit rire Meg'. Ce devait être assez amusant de voir ces jeunes en cours.

Avec tout ça, la jeune femme ne s'était même pas aperçue qu'il ne répondait pas réellement à sa question. Ce ne fut que lorsqu'il évoqua l'arrivée avec son costume qu'elle se souvint que la question de départ était : comment faire un cours discipliné avec tout ce petit monde ? Et le coup du costume militaire était certainement une bonne idée. Cela pouvait en braquer certains, comme en impressionner d'autres. Dans les deux cas, cela faisait une forte impression et les bases étaient directement posées. On ne joue pas avec un homme en uniforme. Et d'après les explications du jeune homme, Megan avait vu juste. L'uniforme était un premier pas, le premier pas qu'il fallait franchir pour pouvoir leur montrer qu'il pouvait leur apporter quelque chose. Elle le regarda se lever et le suivit du regard tout en l'écoutant poursuivre sur sa réponse. Ces paroles résonnaient en Megan, elle savait qu'il fallait du temps pour ce genre de relation et n'était pas étonnée que Sam ait eu besoin de ce temps pour que les choses se passent bien. Les précisions qu'il apporta la fit sourire et un hochement de tête de sa part confirma à Sam qu'elle voyait très bien ou il voulait en venir. Et la règle qu'il lui énonça lui sembla juste. Le but n'étant pas de se blesser ou de blesser un camarade, il était normal qu'une sanction soit appliquée si nécessaire. Ils n'étaient pas là pour embêter ces jeunes, mais ils y avaient certaines limites, certaines règles à respecter pour le bien de tous. Meg comprenait parfaitement cela.

La suite de la conversation l'amusa beaucoup et elle ne put dissimuler le sourire qui étira ses lèvres. Le jeune homme disait cela avec tellement d'indulgence et de bienveillance, qu'elle ne douta pas qu'il appréciait cet énergumène. Il y avait parfois une personne qui sortait du lot, une personne qu'on apprécie malgré ses frasques. Le trouble fête dont parler Sam semblait faire partie de ces personnes pour le coréen, cela transparaissait dans ses mots, dans le ton employait. Le silence s'installa entre eux, mais Meg ne chercha pas à le rompre. Elle gardait son regard posait sur le jeune homme et quand il reprit la parole, elle se tourna complètement vers lui pour l'écouter. La stratégie qu'il décrivait n'était pas mauvaise, elle pouvait le concevoir, mais pour cela il fallait connaitre un peu ses élèves et pouvoir avoir un minimum de confiance en eux. D'après les dires et le regard de Sam, il avait déjà fait les frais d'une mauvaise expérience avec ce genre de plan. Et il ne fallait souvent pas grand chose pour que la situation puisse dégénérer. Un mot mal choisi, un geste mal maîtrisé ou tout simplement une sale humeur... Les raisons pour que ce genre d'expérience puisse mal tourner étaient nombreuses et il fallait être attentif aux moindres signes avant-coureurs.

Mais comme l'indiqua Sam, le plus important étaient les résultats, l'évolution des élèves et les découvertes qu'ils pouvaient faire sur eux-mêmes. Il était régulièrement arrivé à Megan de voir l'étincelle de fierté dans un regard lorsque la personne s'apercevait qu'elle savait des choses, qu'elle pouvait être utile ou tout simplement qu'elle avait réussi à surmonter une étape dans sa vie qui lui semblait jusque là trop compliquée. Son petit signe de tête affirmait les paroles du jeune hommes. Elle se rendait compte, au fil de la conversation, qu'ils avaient une vision assez similaire sur la façon de gérer ces jeunes. Le font était le même, la forme était totalement différente. Mais elle n'avait pas les capacités de Sam dans les arts martiaux, ni même en sport d'ailleurs. Son arme était toute aussi efficace, mais passait par les mots. Elle avait pensé pendant un moment faire un atelier de musique, mais cela faisait des années qu'elle n'avait pas touché un instrument de musique et elle ne se sentait pas encore tout à fait prête à ressortir son violon. Il était attaché à trop de souvenirs qui restaient encore douloureux pour la plupart. Peut être qu'un jour elle tenterait l'expérience, mais elle trouvait qu'elle avait encore un bout de chemin à faire avant de s'en sentir capable.

Le regard de Meg était toujours posé sur le coréen et elle aperçut son hésitation. Cela vint piquer sa curiosité, mais elle lui laissa le temps de décider s'il voulait lui dire ou non ce qu'il avait en tête. Sa proposition était présentée avec une assurance moindre que lorsqu'il évoquait ses techniques pour instaurer une certaine discipline dans ses groupes. Megan ne comprit pas vraiment pourquoi, il n'y avait rien de mal à lui suggérer de passer pour qu'elle puisse voir de ses propres yeux comment une séance pouvait se dérouler. Et si c'était le fait d'avoir autant parlé qui le gênait, il n'avait pas à avoir honte d'aimer ce qu'il faisait dans l'association. Ça avait été avec un réel plaisir qu'elle l'avait écouté, elle avait pu comparer leur façon de faire et se rendre compte des difficultés qu'il pouvait rencontrer. Le sourire de la demoiselle s'élargit et elle se leva à son tour de son perchoir.

"Je t'avoue que même si tes explications étaient détaillées, je reste curieuse. Je n'ai jamais pratiqué d'arts martiaux... en fait, on ne peut pas dire que je sois une grande sportive. Donc si tu me permets de venir jeter un œil à une séance, j'en serai ravie. Promis, je me mettrais dans un coin et je ne ferai qu'observer."

La jeune femme savait à quel point ça pouvait être un enfer quand un spectateur, un accompagnateur, ou n'importe quelle personne, intervenait pendant une séance. Ce n'était pas arrivé souvent, la plupart du temps elle préférait être en petit comité et uniquement les personnes concernées, mais il lui était arrivé d'avoir un invité. Sa concentration en était altérée et elle perdait vite patience quand ledit invité se permettait d'intervenir. Si elle se joignait donc à un cours de Sam, elle comptait bien se mettre dans un coin et ne plus en bouger avant qu'on le lui autorise. Tout comme elle allait garder le silence jusqu'au bout pour ne déranger personne.

Sam reprit la parole avec un air quelque peu amusé et Meg se demanda ce qu'il avait en tête. La réponse arriva rapidement puisqu'il lui proposa de lui montrer deux trois choses si elle en sentait le besoin. Pour se défouler. Meg eut un rire léger et elle secoua la tête, amusée.

"Tu ne sais pas ce que tu proposes Sam... je ne suis pas sportive pour deux sous et en plus de ça je n'ai pas toujours toute la coordination que je voudrais..."

Son rire résonna de nouveau et elle haussa les épaules, espérant ainsi faire comprendre au jeune homme qu'elle était un cas désespéré et qu'il ne tirerait pas grand chose d'elle. Le seul sport qu'elle faisait était de courir un peu partout, pour le boulot, pour ne pas être en retard, pour avoir un peu de temps avec Zoey. Sa condition physique n'était pas si catastrophique, entre son travail et sa vie de maman célibataire, son cardio se portait plus que bien. Elle pouvait gérer les courses seule, mais cela n'avait rien à voir avec le travail physique demandait au corps lors de mouvements particuliers de judo, karaté ou autre sport.

"Par contre si t'as une solution pour réussir à faire le vide quelques secondes et repartir du bon pied, je suis preneuse... La déconnexion c'est pas trop mon truc et je pense que mon cerveau tourne toujours, c'est usant."

Son sourire se transforma en une mimique quelque peu découragée. Elle avait cette fâcheuse manie à toujours réfléchir, à toujours avoir quelque chose en tête et par moment c'était terriblement fatiguant. Elle n'allait donc pas dire non à quelques secondes sans avoir à penser. Mais lorsqu'elle formula ses mots, elle se rendit compte qu'elle ne savait même pas si c'était possible, encore moins si cela rentrait dans le domaine d'une quelconque discipline d'un sport. Elle n'avait jamais été du genre à se défouler, ou si c'était le cas, c'était son ménage, la lessive, la vaisselle et tout ce qui avait un rapport avec son appartement qui lui permettait ce défouloir. L'avantage de vivre seule avec une enfant, il y avait toujours à faire. Megan rejoignit la fenêtre pour jeter un œil à l'extérieur et un discret soupir s'échappa de ses lèvres. Elle se retourna vers Sam pour lui faire face tout en s'appuyant sur le rebord de fenêtre.

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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptyLun 13 Juil - 19:05

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Douloureux souvenirs

Wow. Il n’a pas parlé autant... et aussi longtemps depuis un bon moment. Sam en a même la gorge sèche et lorgne discrètement sur la bouteille d’eau à peine entamée de la jeune femme, posée sur le bureau. A vrai dire, il n’avait pas prévu d’en dire autant. Il n’avait pas prévu grand chose, en réalité, lorsqu’il était entré dans la pièce quelques instants plus tôt, simplement pour s’assurer que Megan allait bien. Mais au fond... Ce petit monologue improvisé, incité par la question sincère et curieuse de la jeune femme concernant ses cours à l’association, a permis à l’un comme à l’autre de retrouver ses marques à travers une conversation plus banale, et de reprendre une certaine maîtrise d’eux-mêmes, après les aveux compliqués de la jeune maman, tout comme celui du militaire. Le coréen n’est pas tout à fait sûr encore de comprendre les raisons qui l’ont poussé à lui dévoiler cette infime part de son histoire personnelle alors qu’il était question d’écouter d’abord celle de la jeune femme, mais il ne le regrette pas. Il sait, sans bien s’expliquer pourquoi, qu’il peut lui faire confiance. Et puis, cette brève confession semble avoir eu l’effet escompté sur elle. Lui dire qu’il comprend. Peut-être pas dans le détail, peut-être pas exactement. Mais il sait, à sa manière, ce qu’elle entend par là. Il n’offre pas de solution, pas de conseils. Y en a-t-il seulement ? Il ne peut que lui proposer une oreille attentive, et clore avec elle d’un sourire compréhensif ce pan de leur conversation, au profit d’une autre, qui achève de focaliser leur attention mutuelle sur quelque chose de bien plus stimulant. Le présent.

Pas n’importe lequel, bien sûr. Celui de l’association, dont ils partagent les valeurs et qui les a quelque peu rapprochés au fil de rencontres hasardeuses dans les couloirs du bâtiments. La curiosité sincère que le jeune soldat lit sans peine dans les yeux de Megan l’amuse et le touche tout à la fois. Peut-être est-ce d’ailleurs la raison pour laquelle il s’est lancé dans un monologue qui ne semble pas avoir de fin, encouragé par la lueur intriguée dans les yeux de la jeune femme ? Peut-être, oui. Le coréen est soulagé de constater du coin de l’œil que la tension qu’il a remarquée dans les épaules de Megan s’échappe petit à petit au fil des minute qui s’écoulent, et au fil des mots qu’il prononce. Il la regard s’étirer avec une certaine satisfaction, et sent lui-même un poids dont il n’avait pas conscience libérer sa poitrine, sur laquelle il pesait. Ouf. Il n’a rien fait de travers. Elle ne pleure plus. Elle va mieux. Mission accomplie, kinda. C’est en partie cette conclusion qui le motive plus encore à raconter dans le détail son expérience à Fighting for Hope. Curieusement, il lui serait presque reconnaissant d’avoir posé la question, et de l’écouter à présent avec une expression à la fois amusée et attentive. Ce n’est pas si souvent qu’il a l’occasion de partager cette étrange expérience, dont il ne se serait pas forcément cru capable quelques années plus tôt, et qu’il n’imagine pourtant pas abandonner de si tôt à présent. Il sourit en l’entendant rire à ses quelques plaisanteries, et lui jette ensuite quelques coups d’œil en biais au fur et à mesure de ses explications, notant les petits hochements de tête approbateurs de la jeune femme, et répondant à ses sourires compréhensifs d’une petite moue reconnaissante.

Il ne doute pas un seul instant qu’elle comprenne ce qu’il entend par là, et qu’elle ait parfois vécu la même chose lors de ses propres sessions de groupe. Au fond, c’est ce qui rend son discours plus fluide, ses mots plus assurés, et qui l’encourage à continuer à en dire davantage. Ils se retrouvent, en quelque sorte, sur un terrain commun, et la conversation lui paraît d’autant plus aisée qu’elle sait ce qu’il ne dit pas forcément. Amusé, il la voit s’installer plus confortablement sur le bureau pour écouter ce qu’il a à dire, aussi attentive et concentrée que ses élèves les plus assidus. L’attitude de Megan est rassurante, confortable. Elle garde un silence approbateur et bienveillant, et ses quelques signes d’assentiments de temps à autre l’encouragent, attisant la lueur d’intérêt qui danse dans les prunelles du jeune soldat au fur et à mesure qu’il évoque ses élèves et ce qu’il tente de leur inculquer. Il sourit instinctivement en l’entendant rire de nouveau alors qu’il mentionne ses quelques élèves au garde à vous, levant les yeux en direction du plafond d’un air un peu théâtral, du genre : « Ah, les jeunes... » sans que l’on sache pour autant si ce qu’il raconte est bel et bien arrivé ou s’il ne cherche qu’à alléger encore un peu plus l’atmosphère. Il reprend ensuite un peu de sérieux pour réaliser finalement qu’il n’a fait qu’effleurer la véritable réponse à la question de Megan, et s’efforce alors de lui détailler la stratégie qu’il a employée pour tenter de mettre en place une relation correcte et de confiance entre lui et ceux qui deviendront ses élèves. Une stratégie qui a fait ses preuves, certes, mais qui n’est pas sans faille, et qui est avant tout un travail de longue haleine. Ce qu’il précise d’ailleurs, bien qu’il soit conscient qu’elle a déjà dû se heurter à la même problématique. Instaurer une relation de confiance, cela prend du temps. Et une bonne dose de patience et de diplomatie. Fort heureusement, Sam ne manque ni de l’une, ni de l’autre. Megan non plus, il n’en doute pas. Il esquisse une petite moue d’approbation en la voyant sourire et hocher la tête, comme pour lui répondre silencieusement, et confirmer son intuition. Elle comprend parfaitement ce qu’il entend par là, et partage son avis. Le jeune soldat lui adresse un bref signe du menton.

Il ne va pas, pourtant, jusqu’à lui expliquer qu’il s’est en grande partie inspiré de ce qu’il a lui-même vécu lorsqu’il était à la place de ces jeunes, prenant exemple sur son mentor d’autrefois, le Lieutenant Lee, dont la stratégie n’avait pas été très différente à son égard... quoiqu’un peu plus dynamique. Cela reviendrait à lui expliquer bien plus que cela, et le jeune homme n’y est pas encore prêt, bien qu’il commence petit à petit à s’ouvrir à ceux qui lui sont le plus proche, et à y trouver un certain réconfort. Pour l’heure, il se contente de s’attacher à l’instant présent, et ne peut s’empêcher d’évoquer avec humour les plus dissipés de ses élèves... qu’il a pourtant pris en affection. Son expression attendrie ne trompe d’ailleurs pas la jeune femme, qu’il voit sourire de l’air de celle qui sait. Oui, les trouble fête sont parfois ceux auxquels, paradoxalement, on s’attache le plus vite. Elle le comprend parfaitement, et en voyant l’expression de la jeune femme, Sam ne peut empêcher un léger pouffement de rire accompagné d’un petit haussement d’épaules fataliste. Peut-être le comprendrait-elle encore mieux, d’ailleurs, si elle rencontrait le plus jeunes des rescapés des Ombres, Jaehyun, qui n’a rien à envier au plus dissipés des adolescents de Fighting for Hope.

Après un court instant de silence que la jeune femme, attentive, ne brise pas, le coréen termine finalement son monologue en proposant quelques autres stratégies plus ou moins efficaces, mais dont les risques lui ont valu des expériences malheureuses. Il ne les précise pas dans le détail. Il sait, à l’attitude de Megan, qu’il n’en a pas besoin pour qu’elle comprenne ce dont il est question, et les enjeux que cela pose. Peut-être, elle aussi, a-t-elle déjà tenté ce genre d’expériences en formant des groupes de discussion dirigés par les élèves eux-mêmes ? Il sourit en la voyant acquiescer vivement sa conclusion. L’important est d’abord de les faire progresser. Malgré eux, parfois. Il n’y a rien de plus gratifiant que de lire la fierté inattendue qu’affiche un jeune visage, et qui s’exclame en silence « C’est moi qui ai fait ça ? ». Le sourire du militaire se fait plus doux à cette pensée, et il relève les yeux jusqu’à la jeune femme, dont l’expression est similaire à la sienne. Sam sent son regard posé sur lui, mais contrairement à son malaise ordinaire dans ce genre de situation, cette fois-ci, cela ne le dérange pas outre mesure. C’est un regard compréhensif et posé, qui semble approuver, sans avoir besoin de mots, tout ce qu’il est en train de dire, parce qu’elle partage en grande partie sa vision des choses, qu’il vient de mettre à nu devant elle. Cela le rassure, et c’est peut-être également pour cette raison qu’il finit par lui suggérer, d’un ton un peu plus hésitant qu’auparavant, de venir assister à un de ses cours.

Sam tourne la tête jusqu’à elle en sentant un mouvement, vaguement surpris de la voir finalement se lever de son perchoir, et se demandant le temps d’une fraction de seconde s’il a dit quelque chose de travers, qui la ferait s’apprêter à mettre les voiles. Pas du tout, évidemment. Le militaire esquisse un petit sourire en entendant la réponse qu’elle lui donne, haussant un sourcil perplexe alors qu’elle lui promet plus ou moins d’être la plus discrète possible... Un peu comme si elle craignait de le déranger, alors même que la proposition d’assister à l’un de ses cours vient de lui. Tsss. « Hm-hm, lâche-t-il d’un ton approbateur, hochant la tête et lui adressant un sourire rassurant. Bien sûr. Ce n’est pas du tout la même chose de m’écouter en parler, de lire quelques informations sur internet, et de le voir. Surtout en ce qui concerne les arts martiaux. » Il lui adresse un petit clin d’œil amusé. Elle ne sera pas de trop, et ne risque certainement pas de le gêner, il n’a aucun doute là-dessus. Après avoir supporté la présence de Jaehyun (qui mourait de curiosité de voir ce qu’il fabriquait là) à l’un de ses cours, il est persuadé qu’il peut tout supporter. Et qu’en l’occurrence, la présence de Megan, face à celle du cadet des Ombres, c’est un peu le jour et le nuit. « Tu es la bienvenue, n’importe quand. C’est bien le principe de l’association, pas vrai ? ajoute-t-il d’une voix plus assurée, comme s’il convenait d’abord de lui faire comprendre qu’elle n’a rien à craindre et que sa présence ne le dérangera pas, quoi qu’il arrive. Lorsqu’il est en train d’enseigner ce qui le passionne, il est aussi à l’aise qu’un poisson dans l’eau. Elle ne risque en aucun cas de le déstabiliser d’une quelconque façon. Personne ne le pourrait. Lorsque tu as un peu le temps, et que tu sais que je suis en cours, tu n’auras qu’à frapper à la porte. Et puis... Si tu veux faire plus qu’observer, ça ne sera pas un problème non plus. » termine-t-il avec un mouvement de menton entendu.

Il comprend ce qu’elle veut dire par là, cependant. Elle veut simplement lui assurer de son respect envers son statut de professeur, et lui laisser entendre qu’elle ne se permettra rien qui ne sorte de celui d’invitée qu’il vient de lui attribuer. Sam lui sourit, reconnaissant. Il n’en a pas douté un seul instant. Pourtant, s’il comprend la réserve polie de Megan, il reconnaît aussi, dans l’attitude de la jeune maman, une hésitation qui n’est pas si éloignée de celle qu’il observe parfois chez certains de ses élèves. Une sorte d’insécurité qu’elle révèle sans le vouloir. En effet, elle n’a pas pu s’empêcher de préciser qu’elle n’est pas une grande sportive, ce qui lui fait légèrement froncer les sourcils. S’il est obligé d’admettre que les arts martiaux supposent une excellent forme physique, il ne les a jamais véritablement considérés comme un sport à proprement parler. Après tout, ne s’agit-il pas plutôt d’arts ?

C’est en partie cette remarque de la jeune femme qui le pousse finalement à lui suggérer, amusé, de lui montrer deux ou trois petites choses qui lui permettent de se défouler. Le jeune soldat esquisse une moue enfantine en la voyant rire aussitôt après, un peu comme si... comme si sa proposition frisait le surnaturel, aux yeux de Megan. Il rit à son tour alors qu’elle lui fait remarquer qu’il ne sait pas dans quoi il s’embarque, et en répétant une fois de plus que le sport, ça n’est décidément pas son truc. Ça tombe bien, a-t-il envie de répondre, pinçant les lèvres d’un air malicieux, ça n’est pas du sport, que je propose. Elle y ajoute même un argument supplémentaire qui le fait arquer un sourcil perplexe, prétextant une mauvaise coordination. Moué. C’est aussi, souvent, ce que certains de ses élèves ne cessent de répéter chaque fois qu’ils ne parviennent pas à faire quelque chose. Elle a bon dos, la coordination. Selon lui, il n’y a pas de mystère. Tout est une question d’entraînement. Perfectionniste comme il est, Sam n’imagine pas un seul instant abandonner quelque chose ou s’empêcher d’apprendre une nouvelle compétence avant d’avoir seulement essayé. Il est donc hors de question de la laisser tirer au flanc si facilement.

Le jeune soldat plisse les yeux d’un air malicieux en l’entendant lâcher un rire d’autodérision, accompagné d’un haussement d’épaule censé lui faire comprendre qu’il ne faut pas qu’il perde du temps à essayer d’obtenir quoi que ce soit d’elle. « Tu sais, fait-il remarquer d’une voix où germe le début d’un rire complice alors qu’il esquisse une petite moue amusée dans sa direction, je ne te demande pas de battre Usain Bolt à la course ou de mettre la raclée de sa vie à Bruce Lee, hein... » Son sourire s’altère très légèrement à la suite des paroles de Megan, et il fronce légèrement les sourcils d’un air compréhensif alors que l’expression de la jeune femme se fait un peu désabusée. Oh, comme il la comprend... Lui aussi, est constamment épuisé par les efforts que fourni son cerveau à longueur de journée, et par les pensées désordonnées qui se superposent les autres aux autres et lui provoquent plus sûrement des migraines qu’elles ne lui donnent des solutions.  C’est précisément la raison pour laquelle, dans ces moments-là, il part s’entraîner.

Faire le vide ? Déconnecter ? Ne pas réfléchir pendant quelques minutes ? Est-ce bien ce qu’elle lui demande ? Oui. Cela, il peut le lui apprendre. Essayer, en tout cas. C’est d’ailleurs précisément ce qu’il a eu l’intention de lui montrer, lorsqu’il a évoqué la possibilité de l’initier au taekwondo, bien qu’elle ne l’ait pas compris ainsi. Maîtriser un art martial, quel qu’il soit, passe d’abord par la maîtrise aussi bien de son propre corps, que de son esprit. L’esprit en premier lieu, à vrai dire. Le coréen hoche vivement la tête en s’écartant de la fenêtre, faisant quelques pas dans la salle et poussant habilement du pied une ou deux chaises sur son chemin, histoire leur laisser un peu plus de place pour circuler. « Ça, oui. Je peux ! » annonce-t-il en faisant claquer ses doigts l’un contre l’autre avec un petit sourire satisfait. « Je n’ai pas de solution miracle, bien entendu... Mais je peux te montrer ce que moi, je fais, quand mon cerveau me file la migraine. » Le jeune homme tapote légèrement sa tempe du bout de son index avec une petite grimace exaspérée, puis lui lance un regard encourageant, esquissant un geste pour lui montrer l’espace à côté de lui, qu’il vient de libérer en éloignant les chaises du chemin. L’invitation est claire, bien que silencieuse. Tu veux bien venir là ? Le militaire semble avoir définitivement retrouvé tout son aplomb, maintenant qu’il a une mission (entièrement dans ses cordes) à accomplir.

« L’important, ce n’est pas d’essayer de ne penser à rien, explique-t-il tandis que la jeune femme le rejoint dans leur espace de méditation improvisé, qu’il élargit encore un peu en poussant d’un coup de hanche une table qui le gênait derrière lui. Ça n’est tout simplement pas possible, et c’est la meilleure façon de penser à un milliard de fois plus de choses en tentant l’inverse. Ce que je fais, c’est que je choisis de focaliser mon attention sur une chose. Une seule chose. Souvent, je le fais à travers un bout de papier. » Un léger sourire germe sur ses lèvres avant qu’il n’ajoute : « Tu m’as vu faire, la première fois qu’on s’est rencontré. Le bout de papier en question doit être quelque part dans la chambre de Zoey, à moins qu’elle se soit fatiguée de son chat improvisé. » Le jeune homme rit doucement en haussant les épaules. Il veut simplement lui montrer qu’il y a de nombreuses façon de s’y prendre, et que celle qu’il lui propose là n’en est qu’une parmi d’autres.

« Tu n’es pas sportive ? reprend-il d’une voix posée et plus basse à présent, comme pour mettre en place une atmosphère plus feutrée et confortable au beau milieu de la salle de classe vide. Ça tombe bien. Pour moi, ça n’est pas un sport, ce que je veux te montrer. » le jeune homme se place face aux fenêtres de la salle, intimant à Megan de faire de même d’un léger mouvement de menton. Il écarte un peu les pieds l’un de l’autre en les faisant glisser sur le sol, et plie légèrement les genoux, tout en expliquant : « Il faut que tu prennes appui dans le sol, vraiment. Tu dois le sentir remonter depuis le bas de tes jambes jusqu’au reste de ton corps. Pour ça, écarte légèrement tes pieds l’un de l’autre, de façon à équilibrer le poids de ton corps, et plie un peu les genoux. Juste un petit peu, pas trop, comme ça. Il ne faut surtout pas qu’ils soient tendus, sinon c’est eux qui vont supporter ton corps, et c’est eux que tu vas sentir, plutôt que le sol. » Sa voix est calme, et le militaire prend soin d’articuler chaque mot qu’il prononce, avec une précaution toute particulière, comme si le son et le rythme de sa voix, plus que ses mots eux-mêmes, contribuait déjà à un début de méditation. Il n’ose pas la toucher pour redresser sa posture, comme il a pu le faire avec ses élèves un peu plus tôt, et se contente d’écarter les épaules et de relever le menton pour qu’elle l’imite. « Ferme les yeux, ajoute-t-il en obéissant lui aussi à sa propre consigne et en fermant les paupières. L’équilibre. C’est ça le plus important. Il n’y a qu’en donnant l’équilibre à ton corps que tu peux retrouver l’équilibre du reste. On le perd volontairement, en fermant les yeux, comme on perd ses repères. Il faut savoir le retrouver. »

Sam prend une profonde inspiration, gonflant doucement, non pas sa poitrine, mais son ventre, qu’il relâche ensuite avec lenteur. Il rouvre les yeux le temps de tourner la tête jusqu’à elle pour lui expliquer : « La seule chose sur laquelle on va choisir de se concentrer, nous, c’est notre propre corps. D’accord ? Il sourit discrètement, comme s’il attendait une sorte d’approbation. A partir de maintenant, tu n’as plus rien d’autre à penser que ça. Tes pieds qui appuient contre le sol. Ton ventre qui se gonfle à chaque nouvelle inspiration. L’air que tu sens passer dans ta gorge. La lumière des fenêtres à travers tes paupières. Les bruits que tu perçois au dehors. Toutes les sensations, quelles qu’elle soient, que te transmet ton corps. » Sa voix s’évanouit, et le jeune soldat laisse passer quelques instants de silence pendant lesquels, paupières closes, il respire tout doucement, comme pour inciter, par mimétisme, la jeune femme à faire la même chose. Puis il ajoute, du bout des lèvres, afin de ne pas briser le calme qui vient de s’instaurer dans la pièce : « Maintenant, je vais t’indiquer, petit à petit, quelques mouvements simples à effectuer avec tes bras, très lentement. Ne perds pas de temps à réfléchir à ce que cela veut dire. Écoute simplement ma voix, concentre-toi sur ton propre corps, et laisse tes bras faire ce qui te semble juste. Il ne s’agit pas de faire quelque chose de bien. Ni même de faire exactement de ce que je vais te demander. Simplement de ne penser à rien d’autre qu’à cela. »

Le jeune homme se permet une petite entorse à son propre règlement en ouvrant un œil pour jeter un regard en biais en direction de Megan, histoire de s’assurer que ce qu’il lui propose lui convient, et qu’elle n’est pas en train de pianoter impatient du bout des doigts l’air de dire « C’est n’importe quoi, ce que tu racontes. ». Puis il commence à décrire très calmement les gestes de ses bras qu’il exécute en même temps que ses mots, très lentement, et le plus simplement du monde. Ce n’est pas grand chose, évidemment, car il n’est pas question de la déstabiliser ou de la mettre en difficulté. Lever un bras, effectuer un arc-de-cercle avec le second, joindre les mains, pivoter le buste d’un côté ou de l’autre... Sam adapte ce qu’il fait. Ce n’est jamais bien compliqué, et au fond, comme il l’a dit, elle n’a pas vraiment besoin de le suivre au pied de la lettre, à partir du moment où elle parvient à vider son esprit en se concentrant uniquement sur ses gestes, son corps et sa respiration. Au bout d’un temps assez difficile à estimer, la voix de Sam s’éteint. Il laisse le silence les envelopper quelques secondes supplémentaires, avant d’ouvrir les yeux et de demander doucement : « Ça va ? »
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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptyDim 14 Fév - 19:15



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:  «Douloureux souvenirs»  Sam & Megan


Il était nettement plus aisé de parler de l'association et de ce qu'ils y faisaient, chacun à sa manière, pour aider une population souvent délaissée et sans repères, que de revenir sur ce qui avait eu lieu à l'arrivée de Sam. Megan écoutait avec attention et un réel intérêt ce qu'il avait à lui dire, elle avait acquis un certain savoir pour gérer ses groupes de paroles, ou les petites séances d'aide, mais elle ignorait totalement comment le jeune homme pouvait réaliser ses séances. Ses explications étaient logiques et surtout pleines de bienveillance, il ne lui fallait pas faire beaucoup d'effort pour comprendre qu'il prenait vraiment du plaisir à encadrer ses cours et qu'il avait des techniques qui avaient fait leurs preuves. Elle ponctua les dires du jeune homme par quelques hochements de tête. Ils avaient la même vision des choses et elle ne pouvait qu'être d'accord avec ce qu'il racontait. Ils se devaient d'encadrer ses jeunes, de leur montrer quelques limites, le respect, et surtout qu'ils n'étaient pas rien. Le plus souvent, c'était un sérieux manque de confiance en eux qui les conduisaient à faire des choses que beaucoup regrettaient ensuite. Leur but principal était de leur apporter suffisamment d'estime d'eux-mêmes pour qu'ils puissent ensuite avancer dans la vie plus sereinement.

Megan et Sam avait chacun leur domaine de prédilection pour tenter de les faire avancer et celui du jeune homme semblait assez nébuleux pour la demoiselle jusqu'à ce qu'il lui explique sa façon de travailler. Lorsqu'il finit par lui proposer de participer à l'un de ses cours, Megan accepta, non sans préciser qu'elle resterait spectatrice et qu'elle n'interviendrait pas. Cela lui paraissait normal, il était déjà parfois difficile de maîtriser un groupe, elle n'allait pas en plus passer son temps à poser des questions. Et puis comme elle l'avait précisé, même si elle avait compris le principal, rien ne valait l'expérience. Et il le lui affirma avec un clin d'œil qui la fit sourire un peu plus. Il réitéra sa proposition et Megan hocha la tête, jusqu'à ce qu'il lui dit qu'elle pouvait même participer si elle le souhaitait. L'idée lui paraissait presque absurde, elle n'y connaissait rien et allait certainement donner du fil à retordre au coréen. Juste le fait de penser à faire un art martial amusé la demoiselle, qui n'avait jamais été très attirée par tout type de sport, et elle n'avait pas non plus très envie de se ridiculiser, il fallait le dire. Il y avait des domaines dans lesquels elle se savait compétente, elle était une très bonne infirmière, elle avait le sens du relationnel, était à l'écoute et n'était pas mauvaise cuisinière, en revanche, si elle sortait de ce qu'elle savait faire, elle se sentait très vite ridicule et préférait tenter de nouvelles expériences en étant seule pour ne pas sentir la honte pesait sur ses épaules.

C'est d'ailleurs pour cette raison, en partie, que Meg' ne put s'empêcher de rire lorsque Sam lui suggéra de lui montrer quelques trucs pour se défouler. Elle s'était renseignée sur ce qu'était un art martial et elle n'avait pas vu grand chose qui puisse être à sa porté, comme elle l'indiqua au jeune homme, elle n'avait aucune coordination, il lui fallait beaucoup de concentration pour réussir à coordonner bras et jambes, hors quelques étaient les gestes d'art martial, il était toujours question de maitrise de ses gestes. Elle se connaissait suffisamment pour savoir qu'elle ne serait pas capable de grand chose et que cela la mettrait plus mal à l'aise qu'autre chose. La réponse du coréen amusa Meg' qui haussa une nouvelle fois les épaules. Heureusement qu'on ne lui demandait pas des exploits car elle en était bien incapable. Elle avait un rapport avec son corps assez particulier, elle l'aimait bien, mais il n'avait pas de grande capacité et elle s'y faisait très bien. Elle n'avait jamais ressenti le besoin d'améliorer sa coordination, sa force ou sa souplesse car elle savait ce dont elle était capable. Elle esquiva cette proposition par une petite remarque sur l'aptitude remarquable de son cerveau à ne jamais prendre de pause. Et pour le coup, elle ne plaisantait qu'à moitié car elle prendrait bien quelques trucs pour réussir à se mettre sur pause le temps de quelques secondes.

Megan suivit Sam des yeux lorsqu'il commença à bouger quelques chaises en lui répondant qu'il était capable de l'aider. La curiosité pu se lire sur son visage et elle acquiesça d'un signe de tête quand il lui avoua que ce n'était pas une solution miracle, mais que c'était celle qu'il utilisait quand lui même n'arrivait plus à penser tranquillement. La jeune femme hésita une seconde lorsqu'il lui fit signe de le rejoindre, mais elle se dit qu'elle n'avait rien à perdre et que de toute façon, ils n'étaient que tous les deux, elle pouvait bien se montrer ridicule pour les prochaines secondes. Elle le rejoignit donc en silence, tout son intérêt porté sur son instructeur du moment. Meg' se plaça au centre de l'espace qu'il venait de libérer, le regard suivant le coréen, un peu stressé de ce qui pouvait l'attendre. Les premiers mots lui parlèrent, elle avait déjà expérimenté ce dont il parlait et cela l'avait mise bien plus mal qu'elle ne l'était avant de tenter de ne plus penser. Sam évoqua ensuite sa propre méthode et son sourire s'élargit quand il lui rappela leur première rencontre et le petit chat en papier qu'il avait fait pour Zoey. La petite était folle de ce petit bout de papier et elle l'avait soigneusement rangé sur son étagère, à l'abris de ses potentielles bêtises.

"Elle l'a précieusement gardé et l'a même baptisé Felix."

Les mots furent prononcer avec un léger rire dans la voix, la jeune maman était souvent amusée par le comportement de sa fille et ce petit chat en était l'exemple parfait. Megan reprit un peu de sérieux et eut un regard amusé vers Sam lorsqu'il lui parla de sa non sportivité. Et ce qu'il ajouta n'aida pas vraiment Meg' à comprendre où il voulait en venir, ça ne la rassura pas vraiment non plus. Elle le suivit des yeux et comprit qu'on attendait d'elle qu'elle répète les gestes qu'il faisait. Elle se plaça donc face aux fenêtres, mais garda la tête tournée vers le coréen. Elle l'écouta attentivement, écarta un peu plus les pieds et essaya d'adopter la même posture que lui, les genoux pliés, mais pas trop. Elle inspira profondément comme pour prendre un peu de courage. Déjà là, elle se sentait bête, mais elle ne s'arrêta pas pour autant, elle redressa la buste quand Sam le fit et ferma les yeux à sa demande. Elle laissa les paroles du jeune homme s'écouler et prendre forme en elle. La position n'était pas des plus confortable, elle lui paraissait même étrange, mais elle essaya de trouver ses repères, comme le lui indiquait son mentor du jour.

La voix de Sam résonna dans la pièce vide et elle acquiesça d'un signe de tête, elle avait toujours les yeux fermés et n'avait pas la moindre idée de s'il verrait ce geste, mais elle savait que si elle ouvrait les yeux et se tournait vers lui, elle risquait de tout laisser tomber. Alors comme il l'énonçait, elle se concentra d'abord sur la sensation de ses pieds ancrés au sol, de la pression de son corps sur un côté ou l'autre. Elle se mit à respirer avec son ventre et non plus sa cage thoracique, ce qui lui prit un petit peu de temps car elle n'avait pas l'habitude de respirer ainsi et avait tendance à reprendre une inspiration "normale". Elle ressentit l'air entrer par le nez, traverser sa gorge et gonfler ses poumons. Ses pensées ne s'étaient pas tues, elle se demandait de quoi elle avait l'air, si elle ne faisait pas n'importe quoi et surtout comment elle en était arrivée là. Zoey passa également dans son esprit, elle se demanda l'heure qu'il était et si elle n'allait pas être en retard pour récupérer sa fille. Mais la voix de Sam reprit le dessus et elle se concentra sur chaque mot, un léger sourire s'afficha sur son visage concentré quand il lui dit de ne pas perdre de temps à réfléchir à ce qu'elle faisait. Cela allait être assez compliqué, mais elle allait tenter l'expérience. Elle n'eut même pas le réflexe d'hocher la tête pour montrer qu'elle avait comprit et qu'elle était d'accord, elle attendit simplement les instructions.

Les premiers gestes, elle se sentit totalement idiote, elle hésita plus d'une fois sur un geste, souffla un peu plus fort quand elle se plantait, mais reprenait tant bien que mal. Elle s'appliquait comme un enfant qui essaie de ne pas dépasser lors d'un coloriage, et après quelques temps, elle fut un peu plus à l'aise et la voix de Sam guidait ses gestes. Elle ne se rendit pas tout de suite compte qu'il s'était tu et que cette technique avait plutôt bien marché. Il lui avait fallut du temps pour réussir à lâcher prise, mais elle avait apprécié l'expérience. Aussi étrange puisse-t-elle la trouver. Lorsque le jeune homme lui demanda si tout allait bien, elle rouvrit les yeux et tourna la tête vers lui, un visage serein et un sourire de remerciement sur les lèvres.

"ça va... Pour être honnête, j'étais assez dubitative sur ce que tu me proposais et j'ai du prendre sur moi au début pour ne pas arrêter tellement je me sentais bête, mais mon cerveau m'a laissée tranquille pendant quelques secondes et c'était appréciable."

Megan se redressa et étira ses bras en les tirant dans son dos avant de soupirer.

"Par contre, je ne sais pas si c'est grâce aux mouvements que tu m'as fait faire ou si c'est ta voix qui a permis ça. Tu devrais enregistrer des vocaux de méditation, ta voix s'y prête très bien."

Le sourire de Megan s'élargit, espiègle. Elle qui doutait sur sa capacité à arrêter de réfléchir, elle savait à présent que c'était possible et elle allait surement réitérer la chose, tant pis pour le ridicule de la situation. Elle retourna au bureau pour prendre sa bouteille d'eau, alors qu'elle l'ouvrait, elle posa son regard sur Sam, de nouveau curieuse.

"Et c'est dans quelle discipline qu'on apprend à faire ça ? J'ai rien vu sur internet qui parlait de ce genre de gestuelle pour méditer..."

Ses recherches n'avaient pas été très poussées et elle n'avait regardé que quelques vidéos sur des personnes combattant ou essayant de cassez des planches. Ca n'avait rien à voir avec ce qu'ils venaient de faire. Elle but deux longues gorgées d'eau et soupira une nouvelle fois, plus détendue qu'avant leur séance improvisée.

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MessageSujet: Re: Douloureux souvenirs - Sam   Douloureux souvenirs - Sam EmptyMar 9 Mar - 10:32

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Douloureux souvenirs

Comme d’ordinaire lorsqu’il n’est pas tout à fait sûr d’être dans son élément... ou plus simplement, de savoir ce qu’il convient de faire, Sam se concentre sur une seule et unique chose. Qu’il maîtrise, de préférence. Curieusement, Megan semble avoir une sorte de sixième sens à ce propos... ou peut-être est-elle capable de lire dans ses pensées ? Aucune idée. Mais il ne fait aucun doute que la jeune femme l’aide, consciemment ou non, à garder une assurance et un certain naturel au fil de leur échange improvisé, en orientant la conversation vers ce qu’il connaît le mieux et qui le met très rapidement à l’aise. Ce qui ne manque pas d’ironie, quand on y pense, dans la mesure où, à l’origine, elle est celle qui avait d’abord besoin de réconfort. Bref. Ils ont passé ce stade, et d’un commun accord, presque tacite, ont décidé de passer sous silence ce qu’ils ne veulent ou ne peuvent pas encore se dire. Les jeunes gens n’en gardent pas les lèvres closes pour autant. Des questions de Megan sur les arts martiaux qu’il pratique, à sa façon de les enseigner, en passant par les problèmes qu’ils rencontrent face aux jeunes de l’association... Le militaire est tout simplement trop concentré sur l’importance de ce qu’ils échangent et de ce qu’il tente d’expliquer, pour réaliser qu’il s’agit probablement de l’une des conversations les plus longues qu’il ait eue depuis un bon moment déjà, en tout cas à l’extérieur de la base militaire. Le jeune homme éprouve même un regain d’enthousiasme totalement involontaire lorsque Megan lui offre une nouvelle occasion de faire ce qui le rend souvent à lui-même, en lui demandant de l’aide pour empêcher son cerveau de trop réfléchir.

Il ne connaît ce sentiment que trop bien. Et s’il n’a pas encore trouvé la solution miracle, il en connaît plusieurs, qu’il pratique depuis... Depuis qu’il est en âge de s’en souvenir, ou presque. C’est donc avec un zèle et une envie sincère de partager ce qui le sauve si souvent, qu’il improvise un petit cours individuel, déplaçant machinalement quelques chaises pour faire de la place et reprenant sans vraiment s’en rendre compte le ton posé et bienveillant qu’il adopte chaque fois qu’il tente de faire comprendre quelque chose d’important. Sam remarque, sans tout à fait s’en familiariser, les quelques secondes d’hésitation qui saisissent la jeune femme avant qu’elle ne le rejoigne dans l’espace libre qu’il vient de créer pour eux. Il se contente d’esquisser un petit sourire rassurant. Il n’y a rien à craindre. Personne ne va la juger. Surtout pas lui. C’est probablement d’ailleurs la conclusion à laquelle elle arrive elle-même et qui le fait sourire un peu plus, comme pour la conforter dans son choix. Il sent, au regard attentif qu’elle pose sur lui, une légère angoisse mêlée d’appréhension, comme si la jeune femme craignait qu’il ne lui demande quelques acrobaties extravagantes. C’est probablement pour cela qu’il commence par expliquer quelque chose qui, il le sait, lui parlera, en évoquant l’impossibilité de ne penser littéralement à rien, et sa manie de plier le moindre bout de papier à sa portée, lorsqu’il a justement trop à penser. Sam ne peut s’empêcher d’arquer un sourcil légèrement surpris alors qu’elle réplique que Zoey a bel et bien gardé précieusement son petit chat en papier, qu’elle a même baptisé. Il laisse échapper un petit rire tendre en secouant la tête d’un air approbateur.

Il n’y a pas besoin de beaucoup plus. Cette très brève parenthèse a suffi à détendre quelque peu la jeune maman, ce qui était plus ou moins le but. Le regard attentif du militaire glisse cependant du regard de Megan jusqu’à ses épaules, notant les légères variations sur les traits de son visage et la tension dans sa nuque, comme si, malgré toute sa bonne volonté, elle n’arrivait pas encore à être tout à fait à l’aise. Sam fronce très légèrement les sourcils mais ne s’interrompt pas pour autant. Il rencontre bien souvent la même aura dubitative auprès de ses élèves, chaque fois qu’il tente ce genre d’expérience. Il est difficile d’embrasser pleinement ces étranges séances de médiation qui ressemblent à un mélange de danse et d’art martial... et qui donne surtout l’impression d’évoluer au ralenti, en apesanteur... et d’être parfaitement ridicule. Si ce sentiment ne le touche nullement, il peut tout à fait le comprendre. Raison pour laquelle, sans doute, il lui fait d’abord fermer les yeux, et ne s’interrompt pas dans ses explications, faisant mine de ne pas remarquer les vagues moments d’hésitation et les quelques raideurs dans les muscles et les mouvements de la jeune femme, qui prend soin d’imiter sa position avec une application et une envie de bien faire qui le fait sourire. Le jeune soldat esquisse une moue d’approbation en entendant Megan prendre une profonde inspiration pour se donner du courage, et reprend donc ses explications d’une voix calme, comme s’il ne voulait surtout pas lui donner l’occasion de penser à autre chose qu’à ce qu’il est en train de lui dire, aussi banales que soient ses instructions. Après tout, n’est-ce pas justement le but ? Garder ses pieds ancrés dans le sol, le sentir remonter jusqu’à ses genoux, respirer avec le ventre et prendre le temps de suivre le chemin de l’air dans son nez, sa gorge, ses poumons... Sa narration n’a peut-être pas grand intérêt, mais elle n’a d’autre but que de focaliser l’attention de Megan sur sa voix et ce qu’il lui dit. Sur sa présence, calme, juste à côté d’elle, qu’elle peut sentir bouger très lentement au fil des mots qu’il prononce.

De temps à autre, il entrouvre les yeux pour vérifier qu’elle n’a pas perdu patience et surtout observer avec une certaine satisfaction amusée les changements infimes qui se produisent au fur et à mesure que la jeune femme se prend au jeu. Doucement, le coréen régule lui aussi sa respiration, prenant de longues inspirations, sans doute un peu plus appuyées qu’il ne le ferait d’ordinaire, comme pour la forcer sans tout à fait le dire à se caler naturellement sur le rythme lent qu’il lui propose. Lui-même, ne pense à rien d’autre qu’à cela, mais il ne peut s’empêcher de constater les très légères rides d’expression sur le visage de Megan trahissant d’abord la foule désordonnées des pensées qui l’habitent encore... et qui la quittent petit à petit, au fil des gestes et des instructions qui s’ensuivent.

Sam sourit doucement en la voyant hésiter parfois, s’agacer d’une expiration plus forte qu’une autre lorsqu’elle ne fait pas tout à fait ce qu’elle voudrait... mais il refuse de faire le moindre commentaire sur la façon dont elle s’y prend. Ça n’est pas pour cela qu’il est là, ni qu’il lui a proposé cet exercice. Les gestes de la jeune maman sont à elle seule. Ils lui appartiennent. Ils ne sont ni bien, ni mal. Ni bons, ni faux. Ils sont ce qu’elle a compris, ce qu’elle a repris à sa manière, et ce qu’elle a transformé à partir des instructions qu’il lui a données. Sam jette un nouveau coup d’œil à son élève éphémère, et sourit de plus belle en constatant l’application presque enfantine avec laquelle elle tente de reproduire très exactement ce qu’il lui indique d’une voix qui n’est parfois qu’un murmure. Il voudrait lui dire qu’il n’y a pas d’erreur possible. Qu’elle est en train de les créer elle-même, ces gestes qu’elles voudraient parfaits. Et qu’ils le sont, quoi qu’il en soit, puisqu’ils sont parfaitement elle.

Mais il n’ose pas interrompre le flot de ses propres paroles et le rythme lent mais régulier qui l’habite, et qui participe de moitié à l’état second dans lequel elle finit par être plongée. A tel point d’ailleurs que le silence s’éternise, bien longtemps après que Sam se soit tu. Le jeune soldat ne s’en familiarise pas, malgré le fait que sa dernière question, posée du bout des lèvres, soit pour l’instant laissée sans réponse. Au contraire, il laisse durer un peu plus longtemps cet instant de silence feutré, se contentant de respirer lentement et d’écouter le souffle apaisé de la jeune femme à ses côtés, attendant paisiblement qu’elle revienne à elle. Sam esquisse un petit mouvement de tête approbateur alors que Megan se tourne finalement vers lui, avec ce qui ressemble à un sourire reconnaissant au coin des lèvres. Il n’en est pas tout à fait sûr, à présent qu’il a retrouvé lui aussi ses esprits et s’est reconnecté avec la réalité, mais il a l’impression que le visage de la jeune maman est bien plus serein qu’il n’était à son entrée dans la pièce. Cela le rassérène plus qu’il ne s’y attendait.

Sam laisse échapper un petit rire à la réponse particulièrement franche qu’elle lui fournit ensuite. « J’ai... vu, oui, ne peut-il s’empêcher de répliquer, faisant allusion à la façon dont les muscles de la jeune femme étaient d’abord tendus en début d’exercice, un peu comme si elle était encore trop consciente du ridicule de la situation. C’est justement le but... Lâcher prise. Être soi. » commente-t-il avec un petit haussement d’épaule et une moue dubitative, qui confirme que ça n’est pas si facile que cela et qu’il en très conscient lui-même. « Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse, à ce type d’exercice. Tu... fais ce que tu es, finalement. Tu ne peux pas te sentir bête. » ajoute-t-il en mettant des guillemets imaginaires avec ses doigts autour du mot qu’elle a employé et qu’il utilise avec précaution. « Après tout... reprend-il avec un petit sourire amusé et un ton de voix plus léger, j’étais le seul témoin de tes exploits. Promis, mes lèvres sont closes. » Il pince les lèvres et esquisse le geste de les fermer à double tour, plissant les yeux d’un air malicieux, comme pour terminer de détendre l’atmosphère et lui prouver qu’il n’y a pas la place pour le moindre jugement entre eux.

« Quoi qu’il en soit, je suis ravi que tu aies au moins gagné quelques secondes de répit. » conclut-il avec un petit mouvement du menton satisfait. Quelques secondes... ça n’est sans doute pas grand chose, à l’échelle d’une journée entière. Mais quelques secondes, pour un cerveau qui réfléchit bien trop, et manque de suffoquer à chaque heure qui passe... C’en est presque salvateur, Sam ne le sait que trop bien. La prochaine fois, les secondes se transformeront peut-être en minutes, qui sait ? Le militaire sourit machinalement en la regardant s’étirer. C’est souvent l’effet que produit ses étranges séances de méditation : le corps s’extirpe d’un état de léthargie qui lui donne l’impression de s’éveiller d’une sieste rassérénante qui l’énergise un peu plus. Il arque cependant un sourcil surpris à la remarque qui s’ensuit quant à sa voix, qu’il devrait enregistrer, puis laisse échapper un rire instinctif.

« Ah non... tu ne vas pas t’y mettre, toi aussi ! » réplique-t-il avec un rire dans la voix, levant les yeux au plafond d’un air faussement exaspéré, juste avant d’expliquer le pourquoi de son exclamation énigmatique, un sourire malicieux aux coin des lèvres : « Tu n’es pas la première à me faire cette réflexion, figure-toi. L’un de mes camarades, à la base militaire, s’est mis en tête de me faire enregistrer des vidéos... comment il dit déjà ? ASMR, ou un truc comme ça. Soi-disant pour détendre les gens en leur racontant tout et n’importe quoi. » Il esquisse un petit moue perplexe et lui adresse un clin d’œil. «  Je reste dubitatif... Mais je suis content que cela ait fonctionné sur toi. » Le militaire hoche la tête d’un air assuré. Derrière cette remarque aux allures de conclusion, il veut lui dire autre chose. Que si cela a fonctionné une fois... Il n’est pas exclu que cela fonctionne encore. Et qu’il est surtout ravi d’avoir pu le lui faire réaliser, d’une façon ou d’une autre. Que sa voix soit bel et bien à l’origine de ce succès, ou non.

Tandis que la jeune femme part récupérer sa bouteille sur le bureau, Sam remet rapidement les chaises qu’il a déplacée dans leur configuration de départ, puis redresse machinalement la tête en entendant Megan s’interroger sur l’origine de la séance de méditation inhabituelle qu’il vient de lui faire essayer. « Hm ? Oh... » Le militaire hausse les épaules et sourit doucement, revenant lui aussi en direction du bureau, slalomant habilement entre les chaises et se penchant pour récupérer son sac de sport, duquel il extirpe une bouteille d’eau. « C’est un... mélange, et un peu d’improvisation, on va dire. C’est probablement pour cela que tu n’as rien trouvé de semblable. » Sam boit une gorgée d’eau puis prend appui sur le bureau avant d’expliquer, d’une voix tout aussi posée que précédemment. Ce qu’elle lui demande est encore pleinement son domaine, et il en a désormais oublié toute notion de maladresse ou de timidité. « La méditation et les arts martiaux sont souvent liés. C’est une sorte de... d’état d’esprit. Et dans les arts martiaux comme dans la méditation, on fait beaucoup de mélanges. On mêle, on intègre les techniques des uns et des autres, on les adapte, on en fait quelque chose qui nous convient. C’est très hybride, finalement, parce que chacun y trouve ce qui lui ressemble. » Le jeune homme tourne la tête vers Megan alors qu’une lueur désormais caractéristique traverse son regard, prouvant à quel point ce qu’il dit résonne en lui et est important à ses yeux. Il ne peut s’empêcher de constater également avec un sourire rassuré, que la jeune femme a l’air bien plus détendue à présent, et cela le rassérène plus encore. Il a l’impression d’avoir quelque peu réussi à l’aider à s’arracher au trouble dans lequel il l’a trouvée à son entrée dans la pièce, si infime qu’ait pu être sa participation.

« Mais pour te donner tout de même une vraie réponse, reprend-il avec un haussement de sourcil, comme s’il s’agaçait lui-même de ses réponses précédentes, bien trop évasives, ce que je t’ai fait faire, c’est un mélange de tai-chi et de sundo. Tu pourras aller te renseigner, si tu veux essayer de faire ça par toi-même. C’est tout à fait possible. Ce sont deux arts méditatifs, l’un chinois et l’autre coréen, qui travaillent l’énergie que tu as à l’intérieur de toi. » Le militaire pointe son index en direction de la cage thoracique de la jeune femme, qu’il prend cependant soin de ne pas toucher, comme pour illustrer ses propos, avant d’ajouter d’un ton malicieux : « Bon, dans cette séance-là, il y avait aussi un petit peu de... n’importe quoi, inventé par moi. Et par toi. » Il lâche un petit rire en guise de conclusion, avant de prendre une nouvelle gorgée d’eau, puis de reporter machinalement son regard en direction de la fenêtre, comme s’il essayait de deviner l’heure qu’il peut être rien qu’en étudiant la luminosité qui la traverse. « Oh, j’espère que je ne t’ai pas mise en retard... Zoey a école aujourd’hui ? » finit-il par lâcher un peu soudainement, comme s’il manifestait à voix haute la pensée qui vient tout juste de le traverser, alors que son cerveau se remet lui aussi à fonctionner à plein régime, et, tout comme Megan l’a si bien dit, recommence à trop penser.
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